BEAUJOLAIS : Méfaits des vendangeurs

VENDANGES EN BEAUJOLAIS 1901

Depuis quelques jours, Villefranche a été envahie par le flot toujours croissant des vendangeurs. Dimanche, les trains sont arrivés littéralement bondés et dans nos rues , l'armée de billioux a défilé en bataillons serrés, un peu trop bruyant peut-être. La nuit n'a pas chassé cette foule mêlée ou l'élément honnête et laborieux domine sans doute, mais qui renferme hélas, tant d'êtres toujours prêts a accomplir de sinistre besognes. Sur nos places publiques, dans les cafés, les rues exentriques, on attendit l'aube qui allait amener l'embauche. Cette nuit ne fut pas des plus paisible et nous avons reçu ce matin des lettres ou nos concitoyens se plaignent du vacarme qui les empêches de se reposer. Mais enfin, le jour vint et les vendangeurs partirent vers la campagne ou le travail allait commencer.  Cette première journée fut superbe. Le soleil se leva clair et radieux et lorsque ses premiers rayons jaillit de l'orient, vinrent dorer les coteaux, le travail d'ordinaire si pénible mettait une joie bien légitime au coeur de nos laborieux campagnards.  Aussi partout, on se mit a la besogne avec entrain.   Hélas cette journée si bien commencée, allait être attristée. Plusieurs de ces gens perdus, qui chaque année, a pareille époque, se donnent rendez-vous parmi nous, commettent de triste exploits dont ils sont coutumiers. D'autres travailleurs allaient tombés, victimes de terribles accidents. Les coups de couteaux, les brutales agressions inauguraient la serie de méfaits. A l'hopital de Villefranche se succèdaient des malheureux dont les membres étaient brisés ou qui portaient sur le corps, des blessures affreuses.   Nous allons donner des détails.........

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A Lachassagne, les nommés JEAN 72 ans de Saint Etienne et MARIE 60 ans, venus pour la ceuillette du raisin, passèrent la nuit de dimanche a lundi dans une grange à Lachassagne. Ils se réveillèrent à la pointe du jour et en voulant descendre, ils perdirent l'équilibre et tombèrent sur le sol. Les deux malheureux furent relevés en piteux état. Jean avait de multiples contutions à la tête et sur tout le corps et Marie avait le bras gauche fracturé. On a du les transporter a l'hôpital ou ils ont été admis d'urgence

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Depuis le commencement des vendanges, le personnel de l'hôtel dieu de Villefranche a de la besogne. Il ne se passe pas de jours sans que l'on transporte dans la salle quelques blessés, quelques pauvres vendangeurs victime d'accident ou sérieusement endommagés par ses collègues. Les ventres sont perforés à coups de couteau, les crânes fracturés, les menbres brisés ne se comptent plus. Tout les lits sont occupés et plusieurs éclopés en voie de guérison ont pu être évacués sur leur domicile. Hier encore, on amenait un malheureux qui outre des contusions, avait les deux bras cassés. Des miserables s'étaient acharnés sur lui à coup de bâton.

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A Liergues, un vieux célibataire nommé Antonin était assis sur un mur servant de cloture a une propriété. De passage en cette commune, il attendait qu'un propriétaire l'embauche pour ramasser sa récolte. Deux pseudo-vendangeurs venant a passer le renversèrent dans le fossé se trouvant au pied du mur. Les malandrins se précipitèrent sur lui et lui enlevèrent sa bourse contenant une soixantaine de francs et son paquet d'habillements. L'infortuné, le corps couvert de contusions a été conduit à l'hopital de Villefranche.

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BAGARRE: Décidement nos campagnes ne sont plus habitables. Tous les jours ils s'y passent des choses révoltantes, on se croirait dans quelques cafrerie peuplée de sauvages aux instints féroces. Une bande de ces misérables a infligé un véritable supplice a deux pauvres travailleurs. Samedi, Marcel natif du Teil travaillait avec un camarade dans les vignes au Perréon, survinrent les voyous qui leur cherchèrent noises. Après les insultes, les coups ne tardèrent pas à pleuvoir. Armés de batons solide, les agresseurs frappèrent avec une brutalité inouie. Lorsque fatigués, ils s'arrêtèrent Marcel était dans un état affreux, outre de multiples contusions, il avait les deux bras cassés. Le malheureux a été transporté a l'hospice de Villefranche. On peut se faire une idée des tourments qu'il a endurés et des souffrances qui l'attendent encore. Les gendarmes de Villefranche et Lamure se sont rendus sur place pour procéder a une enquête. Leur arrestation est imminente.

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Tentative de meurtre à Denicé: Le nommé Aristide natif de Gien était venu à Denicé pour exercer son métier de forgeron. Le travail ne marchant pas fort, il se prépare a gagner quelques argent en faisant la vendange. Hier, il se trouvait près du lavoir et fumait tranquillement sa pipe lorsque survinrent deux malandrins et sans motif aucuns, se ruèrent sur Aristide et le frappèrent violement a coups de poing américain et de couteau. Le malheureux parvint a se redresser, mais les coups redoublèrent. Lorsque la victime fut inerte, il la jetèrent près d'un buisson. Aristide fut trouvé gisant dans une mare de sang. Après avoir reçu des soins sur place, il fut transporté à Villefranche et admis à l'hospice dans la nuit. Nous avons pu le voir ce matin, la tête est meurtrie, le cou porte des blessures faîtes par le couteau des agresseurs. L'état du pauvre homme est fort grave, mais on ne croit pas que ses jours soient en danger. Un troisième agresseur est activement recherché.

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A Liergues:  Ce matin, à l'aube, le nommé Joseph T.  a fait une chute terrible. Cet individu avait été embauché par Mr MO.. vigneron pour la vendange. Bientôt, pris de sommeil, il est tombé d'une fenêtre et est venu s'abattre sur le sol d'une hauteur de huit mètres. Le pauvre homme a été relevé mourant. La tête était fracassée et du sang coulait de ses oreilles. Immédiatement transporté a Villefranche, l'homme a reçu à l'hospice les soins les plus dévoués. A l'heure ou nous écrivons ces lignes, il ne parle plus, l'agonie commence..