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histobeaujolais
25 avril 2023

LIBERATION DE VILLEFRANCHE

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JUILLET 1940, L' arrivés des allemands dans le Beaujolais ( articles de journaux )

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Les allemands font sauter les deux ponts sur la Saône, l'un au nord de Villefranche, Beauregard, l'autre au sud Saint Bernard

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                            MAIS ENFIN LE 3 SEPTEMBRE 1944

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Malgré les risques, une partie de la population n'avait pas peur de s'exprimer, une manifestation et un défilé ayant même été organisés le 14 juillet 1943 rue Nationale. A Villefranche, on écoute aussi intensément Radio Londres. Apprenant le débarquement de Normandie, les Caladois se rebellent de plus en plus mais payent un lourd tribu avec une répression allemande très forte en juillet et août 1944. Villefranche s'attend alors à être libérée par les Américains, mais c'est des Français que vient le salut en ce début du mois de septembre 1944. Les détachements allemands encore stationnés en Calade sont chargés des destructions d'ouvrages afin de ralentir la progression alliée. La soirée du 2 septembre a bien commencé, mais s'est terminée d'une manière plutôt agitée, avec des coups de feu qui ont commencé à retentir. Un repérage des installations ennemies est réalisé. La prise de la ville risquait d'être difficile?: des renforts allemands étaient arrivés à l'actuel collège Jean-Moulin et route d'Anse. A 7 h 10, un convoi est arrivé rue de Thizy, à l'entrée de la rue Pierre-Morin. Un homme est descendu de la voiture et s'est adressé aux habitants : il s'agit du capitaine Henri Giraud (futur général). Le combat a commencé près du collège et s'est étendu rapidement dans toute la ville. L'action conjuguée des forces conduites par le capitaine Giraud, des maquisards et autres soldats a permis la délivrance de la ville, la reddition ennemie étant obtenue en fin d'après-midi. Les prisonniers allemands sont rassemblés en une impressionnante colonne, dont les Caladois qui ont vécu ces jours sombres se rappellent encore. Cette période, et plus particulièrement la libération de la ville, Marguerite Godard, aujourd'hui âgée de 92 ans, s'en souvient encore très bien. "J'étais enceinte à l'époque, j'étais retournée habiter chez mes parents." La famille Godard possède à l'époque plusieurs garages dans la commune. Concessionnaire Peugeot, le père de Marguerite a plus de quatre-vingts employés. "La veille, une bombe partie de Pommiers avait touché la villa de mes parents. Les Allemands sont arrivés et nous ont dit qu'ils allaient réquisitionner la maison. Ils ont commencé à fouiller et ont alors vu les vélos et motos que mes parents stockaient pour des amis qui venaient du Beaujolais. Ils ont tout emporté, mais ils n'ont pas dormi chez nous. Ils avaient déjà réquisitionné une maison de mes parents, près d'un de nos garages rue Claude-Bernard." Marguerite a ainsi conservé, gravé dans sa mémoire, de nombreux souvenirs de cette période troublée, comme le fusil qu'un maquisard lui avait lancé dans les jambes pour échapper à une patrouille allemande, ou bien son frère qui avait failli être emprisonné car ses vêtements le faisaient ressembler à un Anglais. "Mes parents cachaient aussi des résistants, des maquisards, ils nous avaient appris à ne pas avoir peur." Lorsque Villefranche est libérée, sa grossesse empêche Marguerite de se joindre à la fête. "Mais j'ai vu défiler les femmes que l'on avait tondues pour avoir fréquenté les occupants." En différents endroits de Villefranche, le souvenir de ceux qui sont tombés pour libérer la France est encore gravé sur des plaques commémoratives. 

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La libération de Villefranche-sur-Saône

Ce 3 septembre, après les durs combats de Marcilly, le 1er Escadron, aux ordres du Lieutenant Des Moutis fait mouvement vers Lachassagne (Rhône).

A 15h, le Lieutenant Tréhu et son 1er Peloton quitte l’hôtel du Chapeau Rouge et le village de Feurs afin de rejoindre l’Escadron.

Dans un même temps, ordre est donné au Peloton d’Echelon, aux ordres de l’Adjudant-chef Pierrini de quitter Planfoy (Loire) pour se rendre rapidement sur Villefranche sur Saône afin d'y retrouver le Combat Command 2 engagé dans la libération de la ville. Dès les pleins d’essence effectués, le Peloton d’Echelon fait mouvement.
Vers 17h, l’Adjudant-chef Pierrini et son groupement de combat, composé de 2 AM-M8 et des 3 obusiers Howitzer 75mm, se mettent spontanément à la disposition du Capitaine Giraud, commandant du 3e Escadron du 9e Régiment de Chasseurs d’Afrique, qui a débuté le nettoyage de la ville, âprement défendue par une forte garnison allemande. Les engagements sont vifs, l’ennemi est délogé maison par maison. L’AM-M8 de l’Adjudant-chef Pierrini et un détachement FFI de la 2e Compagnie du Bataillon Charolais, aux ordres du Capitaine Claude, entreprennent de détruire les nids de résistance du quartier proche du cimetière puis du chemin conduisant au stade. Au cours d’un violent affrontement, près du collège de Montgré, où l’ennemi s’est retranché,                                                                            (
l’obusier Howitzer « La Tour d’Auvergne » est mortellement touché de plein fouet par un obus anti-char. Celui-ci s’enflamme immédiatement faisant prisonnier des flammes sont équipages. Le Maréchal des Logis Chef Conti, chef de char et le Cavalier Halimi, tireur, y laissent la vie. Le 2e peloton de l’Aspirant De Marancourt est endeuillé par la perte de ses deux camarades de peloton.)  CETTE PARTIE EST INEXACTE, CONTI et HALIMI SONT TUES AU CARREFOUR DE LA CHARTONNIERE.
Surestimant les forces françaises engagées, les allemands capitulent à 18h30.
Le groupement du Capitaine Giraud (3e Esc./9e RCA) fera, au terme de cette offensive, 3061 prisonniers dont 1 colonel et 60 officiers.

A l’issus de la journée, le Général Touzet du Vigier, commandant en chef de la 1ère Division Blindée adresse ses félicitations personnelles au 1er Escadron qui a vaillamment combattu ces derniers jours.
A midi, le 5e Escadron peut enfin faire mouvement. Celui-ci doit aller à Chazay d’Azergues (Rhône), au nord-est de Lyon pour y intercepter les forces allemandes voulant s’échapper de cette ville.
Le 1er Peloton du Lieutenant Brémon est envoyé en reconnaissance à Quincieux (Rhône), où après un léger accrochage avec l’ennemi en déroute, parvient à faire quelques prisonniers.
Alors qu’il effectuait une liaison entre les différents pelotons, le Cavalier motocycliste Jean-Baptiste Martinez est blessé aux jambes par un coup de fusil tiré par un… FFI !
Tout au long de la route, une haie presque ininterrompue d’hommes, de femmes et d’enfants couvre les automitrailleuses de fleurs, leur jette au passage des fruits du terroir. Tout le monde s’est donné rendez-vous en cette belle journée de dimanche. Tous ont voulu au moins entrevoir au passage leurs libérateurs.
Le soir même, l’intégralité du 5e Escadron cantonne à Chazay d’Azergues, en halte gardée car l’ennemi est proche et peut contre-attaquer à tout instant

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3 SEPTEMBRE 1944 : VILLEFRANCHE LIBEREE « Dans l'espace de cinq jours, un monde habitué depuis trois ans et deux mois à voir l'Allemagne emmener ses armées sur les continents et les mers. a vu brusquement, sans transition. changer la face des choses. >> (Général de Gaulle) N'écoutant Radio-Londres en ce début du mois de juin 1944, le peuple français comprend, avec l'abordage des côtes normandes par la plus grande armada de tous les temps, que c'est la liberté qui débarque et qu'elle va irriguer de son souffle l'Europe barbare. Mais alors que les côtes normandes paraissent bien loin aux habitants de la moitié sud de la France et de la terre beaujolaise. 70 jours plus tard l'espoir et l'enthousiasme se gonflent d'un souffle nouveau venu de la Méditerranée. Cette nouvelle onde libératrice c'est celle du 15 août 1944 où. sur les plages de Provence, le débarquement des forces américaines et françaises vient achever la tenaille commencée en Normandie et qui doit anéantir l'occupant allemand.

Tandis que les divisions américaines débarquées prennent la route des Alpes et la rive gauche du Rhône. les troupes françaises . l'Armée B. ont pour mission de libérer Toulon et Marseille avant de remonter au nord par la rive droite du Rhône. Cette Armée B. celle du général de Lattre de Tassigny. deviendra peu après la première armée française (20.09.1944) avant que son chef ne lui donne son nom définitif: Armée Rhin et Danube (24.04. 1945). et compte six formations parmi lesquelles: la 3e division d'infanterie algérienne. la 1re division française libre. la 11 e division blindée. Bien qu'à la date du 18 août n'aient débarqué que 16 000 des 256 000 hommes qu'elle compte. chahutant le planning établi par les experts américains. l'Armée B se lance à la conquête de Toulon. libérée avec 10 jours d'avance. de Marseille. qui retrouve la liberté 28 jours plus tôt que prévu. et tandis qu'Hitler donne à ses troupes l'ordre de repli. elle poursuit sa marche victorieuse dans la vallée du Rhône. suivie de troupes américaines. Les faits d'armes et combats de ces troupes françaises venues d'Afrique du Nord ont pendant très longtemps été occultés dans les informations et l'histoire officielles au profit des troupes venues de  Normandie. Il faudra plusieurs années pour dissiper ce voile discriminatoire qui entoura la chevauchée fantastique des hommes de de Lattre menée depuis les plages de Cavalaire et de SaintTropez jusqu'au-delà du Rhin. la combativité des troupes ayant été souvent freinée par le manque de carburant et les retards dans J'acheminement des moyens logistiques venant des Etats-Unis. débarqués au fur et à mesure de leur arrivée sur les plages méditerranéennes alors que les ports sabotés par l'ennemi sont inutilisables et que les ponts détruits ralentissent la progression des troupes.

Alors que Radio-Stuttgart lui avait conseillé quelques jours auparavant « d'apprendre à nager », la 1re division blindée. partie de Mers-ei-Kébir. débarque à Saint-Tropez. Après avoir poussé ses chars jusqu'au pied de Notre-Dame de la Garde à Marseille. surprenant l'ennemi par la rapidité de sa progression. elle s'empare des passages du Rhône à Avignon , Tarascon et Arles où. malgré les ponts détruits. le Génie de la division permettra le passage du fleuve à plus de 2 000 véhicules en moins de trois jours. alors que les éléments du pont américain destiné à ce franchissement parviennent seulement à Casablanca selon le planning initial. Remontant la vallée du Rhône à J'ouest du fleuve et par le chemin difficile des Cévennes. par des routes convenant davantage au Tour de France qu'à une grande unité blindée.

la 1re D.B. coupe la retraite à l'armée allemande. venant du Centre et du Midi de la France. pour arriver dans la région lyonnaise en ce début du mois de septembre 1944. Le 2 septembre. c'est au cours d'une réunion à la préfecture de Saint-Etienne. à 12h30, réunissant les généraux Vite. Montsabert et du Vigier. les colonels Kientz et Lecoq. qu'est mise au point la manœuvre concernant la région lyonnaise. Il échoit à la 1re D.B. de déborder Lyon par Feurs et L'Arbresle afin de s'emparer de Villefranche et Anse, d'empêcher les destructions de ponts et de couper la retraite à l'ennemi.

Arrivé dans les environs de L'Arbresle, le général du Vigier, qui commande la 1re D.B., laisse au colonel Kientz, commandant le C.C. 2 (Combat Command, en français Groupement Tactique) la région caladoise. Ce dernier, ayant installé son poste de commandement à Lachassagne, confie au capitaine Giraud le sort de la ville de Villefranche-sur-Saône. En cette fin d'été 1944, si les hôtels du Family Bar, de l'Europe, de La Colonne, du Raisin ou de Provence peuvent afficher «complet», ce n'est point que la capitale beaujolaise regorge de vacanciers. Dans ces établissements réquisitionnés, l'Hôtel de l'Ecu de France abritant la Kommandantur et la Gestapo, les collèges Claude-Bernard et de Mongré les hommes de troupes, on y parle allemand depuis novembre 1942, depuis que, violant l'armistice de juin 1940, l'armée allemande occupe la zone libre.

En cette fin d'été 1944, la population, dont la majeure partie a acclamé le maréchal Pétain lors de sa visite trois ans auparavant, est lasse, lasse de ces années de restrictions, lasse de la propagande allemande et de celle du gouvernement français, ébranlée qu'elle est par les prémices d'une liberté qui s'annonce. Les débarquements de Normandie et de Provence ont galvanisé tant la Résistance que la répression allemande et les incidents dépassant les simples faits divers, se font plus nombreux, plus dramatiques. Le 9 juin, c'est l'arrestation et la déportation au camp de Neuengamme d'Henri Ronot directeur des établissements Vermorel ; quelques jours après Louis Vorms, juif, est arrêté aux Nouvelles Galeries pour être dirigé au camp d'Auschwitz. Le Il juillet. les Caladois peuvent voir de près la sauvagerie avec laquelle un maquisard du maquis Sainte-Marie, dont le nom ne sera jamais connu, ayant participé à une réquisition de tabac, boulevard Victor-Vermorel, est tué près des jardins de l'hôtel de ville où, pour l'exemple, son cadavre reste exposé jusqu'à la nuit. Cette sauvagerie s'illustre à nouveau le 19 juillet au Pont-Dorieux. à Châtillon-d'Azergues, où 52 otages sortis de la prison de Montluc sont fusillés. Le mois de juillet s'achève sur le bombardement de Beaujeu (27 juillet).

Le mois d'août, qui voit commencer le reflux des troupes allemandes, débute par un coup de main téméraire des maquisards qui font sauter le pont de chemin de fer de l'Ave-Maria à l'aide d'un camion bourré d'explosifs afin de gêner le reflux de la Wehrmacht. Trois jours plus tard, le 8 août, alors que les Allemands ont bombardé le village de Claveisolles, vers  20 h, deux résistants qui viennent de faire la liaison avec un groupe de dix hommes du Maquis de la vallée d'Azergues afin d'opérer ensemble une «réquisition d'essence à Villefranche> essuient le feu d'une patrouille allemande près du cimetière. Si René Renoud-Lyat est tué sur le coup, son camarade Jean Echailler, qui n'est que blessé, sera achevé avec comme témoins impuissants les 32 joueurs du boulodrome voisin, rassemblés, collés au mur les bras levés, un fusil mitrailleur braqué sur eux.

5 août 1944: la Résistance fait sauter le pont S.N.C.F. de l'Ave-Maria. Le 20 août, on apprend la tuerie de Saint-Genis Laval où, parmi les 120 victimes, se trouvent trois cheminots caladois arrêtés sur dénonciation cinq mois auparavant, Georges Verdelet, Joanny Brailion et Régis Tournebize. Le lendemain, à 18h30, c'est un consommateur d'un café. place Claude-Bernard, Maurice Suries, qui est tué d'une décharge de mitraillette par un Allemand pris de boisson. Deux jours après, André Thévenot. ayant pour seul tort de circuler après le couvre-feu et d'être. il est vrai, un peu narquois, est abattu près de son domicile alors que, dans l'après midi, on avait appris le massacre de cinq jeunes F.T.P. à Anse. C'est dans les mêmes circonstances que trois jours plus tard Georges Janisson, résistant F.N. assurant une liaison, est abattu à Gleizé; ce même jour, le 26 août, les Allemands bombardent le village d'Ouroux à l'aide de bombes explosives et incendiaires.     Le surlendemain, les Caladois assistent, boulevard Gambetta, à une course-poursuite au bout de laquelle Louis Jacquet, F.T.P. de retour d'une mission, est abattu devant la Bourse du Travail.

Ce jour-là, le 28 août. l'aviation américaine bombarde la commune d'Anse, faisant 22 victimes, et détruit un convoi allemand près des Chantiers du Beaujolais, ce qui est également le cas, le lendemain, aux Tournelles près de Saint Georges-de-Reneins. Ces convois, ce sont ceux d'une armée qui a perdu son arrogance et dont le repli en cours permet aux Caladois, peu informés de l'avance des troupes françaises, de deviner que le vent a réellement tourné pour cet ennemi dont les dernières exactions ont quelque peu l'allure d'un baroud d'honneur. tandis que les hôtels occupés se sont vidés et que la Gestapo s'est installée au collège Faubert.        Cette retraite utilise les moyens de transport les plus hétéroclites: véhicules militaires et voitures civiles réquisitionnées voire volées, sont décorés à la hâte d'une croix rouge qui se veut protectrice. Chariots et charrettes diverses, poussettes et triporteurs, le vélo devient une denrée très recherchée quel qu'en soit l'état. Tout ce qui peut rouler devient salutaire et fait l'objet d'une ultime réquisition n'épargnant ni l'ambulance des pompiers ni la modeste charrette à bras des Petites Sœurs des Pauvres. Alors quoi de plus tentant d'agrémenter le spectacle de cette armée en déroute en jetant des clous sur la chaussée ! Les habitants du quartier de la porte de Belleville en sont quitte pour un balayage collectif de la rue Nationale sur ordre du maire.

Durant les deux premières journées de septembre. alors que les convois se font plus épars, c'est sous une pluie diluvienne que les Allemands procèdent au dynamitage des postes d'aiguillages. des grues de la gare et du château d'eau de Grange-Rouge. Trois torpilles de 300 kg ont raison du pont de Beauregard. tandis que les grues du port et le pont de Frans font l'objet de longs préparatifs. Dix-sept torpilles de 300 kg plus six charges de dynamite y sont placées et une ligne de tir de près de 500 m est tirée jusqu'à l'allée des Veuves, allée de mûriers aujourd'hui disparue qui se situait au niveau de l'actuel garage Peugeot en zone industrielle. Durant ces deux journées, les Caladois regardent souvent le ciel où passent régulièrement des avions français de l'escadrille « La Mouette » qui effectuent quatre missions quotidiennes de reconnaissance pouvant ainsi signaler les mouvements des colonnes ennemies sur l'axe Lyon-Mâcon.

Ces renseignements. bien évidemment. le capitaine Giraud les reçoit alors qu'il prépare la mission qui lui a été confiée avec les hommes dont il dispose : un peloton T.D. du 3e escadron (peloton Jurion). un peloton du Génie (sous-lieutenant Sue). un peloton du 2e régiment de Spahis algériens de reconnaissance (peloton Sauvebœuf). C'est ce dernier peloton qui est chargé d'une mission de renseignement le samedi 2 septembre en fin d'après-midi, complémentaire aux contacts réalisés avec la résistance caladoise. Deux jeeps et deux automitrailleuses. « Berneuse » et « Belliqueuse», vont donc tâter Villefranche et ses abords. Pénétrant par la route de Tarare. remontant jusqu'au bourg de Limas. empruntant les rues de la Barre et du Parasoleil, elles atteignent la route nationale 6 au moment où passe un convoi allemand. Un feu infernal sème le désarroi le plus complet. les Allemands fuient à travers champs, laissant sur la chaussée une trentaine de victimes.

Quittant aussitôt leur position pour rejoindre leur base de Lozanne. les Français regagnent Villefranche ; vers la place Pierre-Morin. ils effectuent une très courte halte afin de demander des renseignements aux civils plus excités pour les interroger que pour répondre aux demandes, les quelques Allemands présents restant suffoqués d'un tel spectacle. Cette rapide incursion devient aussitôt la principale information qui circule le soir de maison en maison : on attendait des Américains. mais ce sont des Français qui arrivent... Tandis que les Allemands circulent dans les rues pour faire respecter le couvre-feu de 20 h. les volets se ferment, quelques habitants du quartier du pont de Frans ont déserté leurs maisons, le sommeil vient plus difficilement dans cette attente d'un lendemain plein d'inconnu. Bravant le couvre-feu, Pierre Hirn et Fernand Garnier. tous deux employés au port et membres du maquis de Neuville-les-Dames. tentent. vers 21 h. de s'approcher du pont de Frans.

Les sentinelles veillent, un bruit de bottes. une mitrailleuse qu'on arme ... et c'est la retraite prudente des deux rôdeurs nocturnes. Vers 23 h. à l'aide d'une barque. ils s'approchent des grues du port. désamorcent et chargent les caisses de dynamite ; puis. se laissant descendre silencieusement au fil de l'eau. ils jettent ces caisses au milieu de la Saône. A 3 h du matin, la nuit est plus claire et les sentinelles ont abandonné le pont pour se diriger vers l'allée des Veuves . Conscients qu'il est grand temps d'agir, les deux hommes parviennent. au niveau du Morgon. à couper la ligne de tir d'un coup de hache et. remontant vers le pont. coupent le fil au ras des torpilles : une centaine de mètres de fil est ainsi récupérée. rendant inopérant le dispositif ennemi. Le pont de Frans est sauvé. il sera le seul pont épargné entre Lyon et Mâcon.

En ville. informés que l'attaque française est pour le 3 septembre, les résistants locaux achèvent leurs préparatifs . L'un d'eux, Jacques Arrioulou soudeur aux Chantiers du Beaujolais ayant revêtu des habits allemands récupérés la veille dans un camion en panne. arpente sans être inquiété les rues de la ville, assistant à l'arrivée de renforts au collège Claude-Bernard et rue d'Anse. aux travaux de défenses ennemies. procédant ainsi à une belle moisson de renseignements. Très tôt dans cette matinée du 3 septembre 1944, le colonel Kientz. qui dispose pour la défense rapprochée de son P.C. d'un peloton de protection, envoie celui-ci sur Villefranche. Ce peloton. composé de cinq chars légers. est sous les ordres d'un aspirant qui décide de prendre une route plus directe que celle qui lui a été indiquée. Au mépris des ordres reçus. il sera sanctionné plus tard pour cette erreur.

Il arrive alors qu'il fait grand nuit, non par la route de Tarare mais au sud-ouest par la rue Jean-Michel-Savigny. Le peloton arrivant près du collège essuie un mitraillage tiré depuis les étages du bâtiment et se disperse. Tandis que le char le « Zagouan >> arrive à fuir bien qu'il ait un barbotin détérioré, le char suivant, le « Medjez-el-Bab », s'échappe par la rue du Collège; arrivé en haut de la rue, il fait demi-tour pour aller «chatouiller>> un peu l'ennemi . Alors qu'il surveille les fenêtres des étages, un premier obus, tiré d'une arme antichar placée durant la nuit dans le square de la place du Promenoir, vient le frapper en le faisant tourner sur son flanc. un deuxième obus traverse le côté avant gauche du blindé. Les hommes évacuent leur char immobilisé à la hauteur du 250 rue du Collège, laissant leur compagnon François Arnal comme mort. Ce dernier. âgé de 21 ans, reprenant ses esprits et très grièvement blessé, attendra une demi-heure dans son poste de pilotage avant d'être évacué par des Allemands qui le transportent à l'aide d'une brouette à l'intérieur du collège où il ne recevra les premiers soins que vers 10 h.

Réveillé dès 3 h du matin, le peloton de tanks destroyers du 3e escadron se met en route en direction de Villefranche ; vers 6 h 30, rejoint par les Spahis et le Génie, ils foncent sur la ville où ils pénètrent vers 7 h. Immédiatement, un détachement commandé par le lieutenant Jurion traverse la cité pour gagner au plus vite le pont de Frans. Le capitaine Giraud installe son P.C. place Pierre Morin. au café Moiroud qui sera plus tard connu sous l'enseigne «Au lève-tôt». Des Caladois se sont aussi réveillés très tôt pour être au rendez-vous organisé la veille. Le maire de Villefranche Ernest Planche, M. Mangin, président de la Chambre de commerce, et de nombreux résistants, MM. Cottinet, Puvilland, Tixier, et d'autres, s'entretiennent avec le capitaine Giraud qui sait alors qu'il ne pourra compter que sur le concours des résistants de la ville, toutes tendances et obédiences confondues . Les autres formations F.T.P., plus connues sous le nom de maquis de la vallée d'Azergues, Lamure. Claveisolles, et le bataillon F.F.l. de Sainte-Marie ont été appelés à participer à la libération de Lyon . De même, il est informé des principales résistances ennemies que sont les collèges Claude-Bernard et de Mongré.

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Prévenus de la présence du canon antichar du square du Promenoir, des hommes tentent de s'approcher du collège ; ils aperçoivent le char « Medjez-el-Bab >> immobilisé l'avant contre un mur ; choqués de cette position, ils s'approchent et reçoivent un tir de l'arme qui n'est qu'à une centaine de mètres. Amorçant une marche arrière. ils laissent un mort, le soldat Robert Monnier. âgé de 21 ans, et deux blessés qu'ils reviendront évacuer peu après. Plus tard, un civil, il s'agit du résistant Maurice Halluin, armé de grenades et d'une mitraillette, indique à l'aspirant Courot, adjoint du capitaine, qu'un canon antichar bat le secteur sud-ouest de Villefranche. Accompagné de ce civil. cet aspirant se retrouve vite sur le toit de l'usine Vermorel et de là ils aperçoivent une dizaine d'Allemands manœuvrant une arme antichar. Courot lance les grenades d'Halluin qui fait feu de sa mitraillette. L'ennemi qui compte des tués et des blessés abandonne l'arme et riposte par des grenades à manches lancées sur le toit sans toucher nos deux hommes.

Le char «Champagne», venu se mettre vers l'emplacement de la pièce allemande, tire sur le collège, alors que des hommes qui tentent d'escalader l'enceinte du jardin du collège rebroussent chemin sous plusieurs grenadages et mitraillages tirés d'une mansarde du collège. Peu après, Louis Claverie, 23 ans. du char «Champagne ». est tué d'une balle dans la tête.

Dans son P.C., vers 9 h 30, le capitaine Giraud, qui apprend les pertes humaines déjà subies près du collège Claude-Bernard, est informé, par un habitant de la rue de Thizy, de la présence dans le parc de Mongré, et visible depuis son appartement, d'une pièce d'artillerie qui n'est qu'à une centaine de mètres de l'hôtel de ville.

Ce renseignement recoupe les informations que viennent également de fournir deux pères de Mongré, apportant là leur concours qui n'a rien d'une dénonciation bien pardonnable pour ces deux religieux. Dans un premier temps, le capitaine fait intervenir une mitrailleuse depuis cet appartement du 446 rue de Thizy, mais celle-ci, vite repérée et elle-même mitraillée, est déplacée, plus discrète, au 3e étage du 518 de la même rue. Puis, ne tenant pas à mettre la population civile en danger. le capitaine abandonne cette position et charge le lieutenant Sauvebœuf, du peloton des Spahis algériens, de nettoyer le collège de Mongré.

Il convient de se rappeler qu'à l'époque (le lycée Claude-Bernard sera édifié en 1963). le collège de Mongré est alors au cœur d'un vaste domaine comprenant un accès au sud près des usines Jacquemaire, d'un accès à l'ouest vers les Rousses, tandis qu'à l'est un portail se ferme sur une belle allée bordée de marronniers, l'actuelle rue Saint-Exupéry. Une automitrailleuse, la « Belliqueuse», suivie d'une jeep, utilisant les ruelles du quartier des Remparts, parvient sans se faire voir à proximité de ce portail. Le mur d'enceinte étant trop élevé pour que la mitrailleuse de Belliqueuse puisse tirer. deux hommes grimpent le long du mur et observent les défenses allemandes. La décision est vite prise et communiquée à l'équipage qui va participer pour la première fois à une action aussi osée. Venant se placer tout doucement devant le portail. la « Belliqueuse>> donne alors toute sa puissance, enfonçant le portail en fer qui s'effondre avec une partie du mur. tout en balayant de son feu l'allée du collège.

L'ennemi. guère surpris, riposte mais ne peut résister longtemps et s'enfuit dans un champ de maïs. abandonnant ses armes. «Victoire. on les a eus!» crie le brigadier Garcia. Hélas. une autre arme automatique dissimulée par un buisson entre en action : l'automitrailleuse touchée ne peut avancer ni reculer. Les hommes évacuent leur véhicule sous le feu ennemi, un seul ne peut sortir. le brigadier Garcia. 21 ans. est mort. Cinq minutes après. un tank destroyer qui avait été demandé en renfort bouscule l'automitrailleuse immobilisée et remonte l'allée pour voir alors l'ennemi se replier et quitter le collège en passant par la ferme du domaine près du quartier des Rousses. Pendant ce temps, il est environ Il h. le capitaine Giraud. qui vient de transférer son P.C. à l'hôtel de ville dans le bureau des adjoints. voit l'arrivée de renforts inattendus. Descendant des collines du Beaujolais.

le bataillon lFFI. du Charollais. issu du maquis de Beaubery en Saône-et-Loire et sous les ordres du commandant Claude. arrive à Villefranche. Le commandant Claude et le capitaine Giraud Une compagnie. celle de Charolles. est chargée d'intervenir en centre-ville. la compagnie de La Clayette est envoyée sur Pommiers. tandis que la compagnie de Matour, renforcée d'une section de la compagnie de Saint-Igny, est chargée du nord ouest de Villefranche. Cette dernière compagnie rejoint alors un groupe de chasseurs d'Afrique qui vient de traquer l'ennemi dans le parc de Vaurenard à Gleizé. A peine ont-ils pris leurs positions dans ce secteur nord-ouest. qu'ils assistent à l'arrivée de la colonne allemande évacuant Mongré. avec en tête six otages français qui servent de bouclier. Bien que gênés par la présence de compatriotes, les Français ouvrent le feu. détruisent plusieurs véhicules et jettent le désarroi chez l'ennemi qui s'enfuit; les six otages. qui n'ignoraient pas la présence de troupes françaises dans le quartier et qui se tenaient sur leurs gardes. ayant pu s'esquiver dès les premiers coups de feu. Cet accrochage n'a fait aucune victime française; cependant, dans l'après-midi. le F.T.P. Abert Poncet alors qu'il s'approche de camions abandonnés vers le stade. est tué par des Allemands cachés près du pont d'Ouilly.

En fuyant. l'ennemi s'est dispersé dans tout le quartier et il faudra plusieurs heures pour nettoyer le secteur jusque dans le cimetière où vers 17 h sont faits plusieurs prisonniers. Il est presque midi et à son P.C. le capitaine Giraud demeure inquiet. Si la situation s'est améliorée sur le secteur de Mongré. le secteur sud. celui du collège Claude-Bernard et de la rue d'Anse. demeure problématique. L'inquiétude du capitaine Giraud vient aussi de l'épuisement rapide des réserves d'essence provoqué par les déplacements des chars sur les différents points et des jeeps qui patrouillent sans relâche pour maintenir libres les axes principaux, tactique qui laisse croire à l'ennemi en la présence de nombreuses forces françaises. forces qui viennent d'être renforcées d'une compagnie du 1er zouave jusqu'alors en réserve et d'une batterie du lll/68e Dès l'arrivée des troupes du capitaine Giraud à 7 h.

Le détachement du lieutenant ]urion, guidé par Maurice Halluin, s'est rendu vers le pont de Frans. Les habitants du quartier qui ont envahi le pont. à moitié surpris qu'il n'ait point sauté ayant appris l'exploit de leurs deux voisins, croient tout d'abord à l'arrivée de soldats ennemis et grande est leur surprise de voir arriver des Français. Grande est aussi la surprise des soldats français en apprenant comment le pont a été sauvé et qu'il ne leur reste plus qu'à tenir l'accès est de Villefranche. Depuis le pont. ils aperçoivent, vers l'allée des Veuves. les Allemands s'enfuir en direction du café des Acacias. Pris aussitôt en chasse par des soldats guidés par un civil. Benoît Pouzol appartenant au maquis de Neuville-les-Dames. les fuyards se rendent et déposent les armes . ce sont les premiers prisonniers allemands. Peu après, c'est un autre civil qui indique que des hommes se cachent dans les bois d'acacias vers l'hôtel des Platanes. derrière la plage. Une automitrailleuse et trois jeeps sur lesquelles sont montés plusieurs civils s'approchent du bois en levant un drapeau blanc. Le dialogue entre les officiers allemands et français se termine par une reddition complète.

Mis en colonne par trois par leurs officiers. 200 prisonniers allemands. désarmés, sont conduits dans les locaux vides de l'usine de Frans. alors que leurs poches regorgent des légumes volés dans les maraîchages des bords de Saône. Quelques-uns de ces prisonniers sont aussitôt chargés du travail du déminage du pont de Frans. Les quartiers est de Villefranche sont donc quelque peu truffés de groupes plus ou moins importants d'Allemands assez désorientés qui remontent au nord par les prairies des bords de Saône pour éviter les axes routiers et les combats en cours à Anse. Patrouillant dans le secteur de Béligny, une automitrailleuse est stoppée soudainement. route de Frans, par le feu d'Allemands embusqués. Le maréchal des logis. Jean-Louis Faraud, ayant mis ses hommes à l'abri d'un mur de l'usine des Teintureries Nouvelles. tente de revenir chercher une arme malgré les tirs ennemis. C'est à la troisième tentative que Jean-Louis Faraud, 30 ans, est mortellement atteint. Plus en avant, près des Vins Pichat, 265 rue Pierre Berthier, une fraction allemande est repérée et attaquée. Plusieurs de ses hommes ayant été blessés et tués, l'officier allemand et deux soldats escaladent l'enceinte d'une propriété proche. celle de M. Rondot.

Après avoir visité les bâtiments pour s'assurer qu'il n'y avait point de militaires français ou de terroristes, surnom donné par les Allemands aux résistants, et après un court dialogue avec M. Rondot, l'officier décide de se rendre. Tandis que ses hommes désarmés sortent, arborant un drapeau blanc, l'officier resté seul au milieu de l'allée du parc se fait sauter la cervelle. Après quelques autres petits combats ou escarmouches, comme près de la voie ferrée, comme au chemin des Sables où 161 Allemands se rendront vers 16 h au terme d'une demi-heure de pourparlers. on peut considérer que la résistance allemande est réduite dans ce secteur.

Pendant ce temps, vers 14 h. il a été décidé d'essayer de pousser plus au nord la position française où, dès le matin, on a déjà fait une soixantaine de prisonniers. Alors que des hommes du régiment de Spahis algériens et des chasseurs d'Afrique amorcent cette manœuvre. ils aperçoivent. débouchant du pont de l'Ave-Maria, trois véhicules qu'ils n'arrivent pas à identifier immédiatement, donnant ainsi le temps à une batterie allemande de tirer. Le premier coup atteint de plein fouet une automitrailleuse. deux Spahis sont tués. le brigadier Mahiédinne Morsly, 33 ans, et le soldat Salah Ziad. Un feu d'enfer balaie le carrefour tuant deux chasseurs d'Afrique, le maréchal des logis Jean Conti. âgé de 23 ans, et le soldat Maurice Halimi, âgé de 20 ans. Il ne reste plus que l'automitrailleuse « Berneuse » dont l'accélérateur ne répond plus. C'est donc juché sur le moteur et actionnant la tringle de l'accélérateur à la main qu'un soldat fait traverser son automitrailleuse pour rejoindre le centre-ville. Un Spahi qui était parti à pied en reconnaissance arrive trop tard pour embarquer sur « Berneuse ». Alors, prenant la place de son camarade Morsly mort, il tire coup sur coup sur l'ennemi qui se replie, pris également sous le feu d'une batterie installée sur la colline de Buisante à Pommiers pour appuyer l'action en cours à Villefranche. et dont quelques tirs, un peu courts, atteignent des immeubles de la rue de Belleville. 

   Tandis que la libération de Villefranche gagne du terrain à l'ouest. au nord et à l'est. les choses progressent aussi dans le secteur sud. Au collège Claude-Bernard, vers midi, un Allemand demande au principal du collège, M. Jougla. de l'accompagner sous la protection d'un drapeau blanc à la recherche d'un docteur pour soigner le soldat François Arnal. ses blessures étant trop graves pour les soins sommaires qu'il peut lui donner sur place, tout comme ceux qu'ils donnent à ses soldats blessés dans une salle voisine. Le docteur Hau, dont le cabinet se trouve rue Montesquieu, n'ayant pu se déplacer, l'officier allemand qui a aperçu près des établissements Depagneux. rue du Collège, des infirmiers de la Croix-Rouge, les appelle. Il demande à René Laurin d'évacuer François Arnal mais refuse la proposition qui lui est faite d'évacuer aussi ses hommes blessés. Cette évacuation se fait au milieu des tirs effectués depuis la place Pierre-Morin par le char « Franche-Comté »qui lâche huit obus explosifs sur le collège. Suite à ces tirs d'obus. cet officier décide, toujours sous la protection du même drapeau blanc porté par deux civils rencontrés rue Montesquieu, de se rendre au P.C. français. L'Allemand portant un brassard à croix rouge et présentant une carte qui établit sa qualité de noncombattant, demande au capitaine Giraud dans quelles conditions l'évacuation de ses blessés est possible. La réponse est immédiate : « Reddition sans conditions aux troupes françaises, les combattants allemands seront traités en prisonniers de guerre». Peu après, un drapeau blanc est hissé sur l'une des fenêtres du collège. Le capitaine Giraud monte en jeep sur place et trouve assemblés en ordre 126 officiers et soldats dont une dizaine est grièvement blessée. Au moment où les officiers remettent leurs armes au capitaine, des Allemands débouchent de la rue Porquerolles et braquent leurs armes ; mis au courant de la reddition de leurs camarades, ils expliquent au capitaine qu'ils n'ont point l'intention de se rendre et accordent une heure pour faire descendre les prisonniers. après quoi ils reprendront le combat. Reprenant la rue Porquerolles. ces hommes rejoignent sans doute les autres troupes qui tiennent la sortie sud de Villefranche. Installés rue d'Anse à la hauteur des établissements Clausel, les Allemands ont réalisé d'importants travaux de défense et tiennent tête. C'est de cette position que va venir l'épisode le plus meurtrier de cette journée.        Après les tirs effectués sur le collège, le char « Franche-Comté » vient se poster en observation devant la boulangerie près de l'Hôtel de l'Ecu de France, son canon et sa mitrailleuse tournés vers le sud. A 13 h 30, il essuie un tir de batterie venant de la rue d'Anse. Un soldat est tué ainsi que des civils qui se trouvent imprudemment autour et. tandis que des passants accourent pour porter secours, un second obus atteint le char immobilisé et porte à dix le nombre de civils tués avec une quinzaine de blessés. Le char s'enflamme, tandis que les victimes sont évacuées. Peu après, Joseph ]ochum, qui discute avec des soldats allemands de la rue d'Anse, comprenant très bien leur langue de par ses origines lorraines, s'aperçoit qu'ils sont à bout. Ayant fait passer cette information au capitaine Giraud, celui-ci envoie son adjoint. l'aspirant Courot. et trois hommes négocier une éventuelle reddition. Arrivés au milieu des Allemands après être passés devant le Franche-Comté qui brûle encore, ils sont entourés par une cinquantaine d'hommes, revolvers au poing. Un colonel sort d'une villa, pousse un commandement et tout le monde se met au garde-à-vous. A la proposition d'une reddition, le colonel répond qu'il n'en a point l'intention, sachant que deux divisions blindées allemandes remontent du sud ; il demande cependant une heure pour réfléchir. Courot transmet cette réponse au capitaine Giraud, ainsi que l'importance des forces ennemies aperçues. Le capitaine qui est déjà au courant des mouvements allemands en cours au sud, mais aussi des mouvements au nord et dont ses hommes ont déjà été les victimes à la Chartonnière, envisage alors la possibilité d'un appel à l'aviation dont des appareils de reconnaissance sillonnent le ciel beaujolais. Devant une telle éventualité, et conscients des victimes civiles que pourrait faire un bombardement de Villefranche, tous les Caladois présents et principalement Jean Cottinet pèsent de tout leur poids pour que le capitaine renonce à cette idée. Convaincu, et jouant le tout pour le tout, le capitaine Giraud renvoie rue d'Anse son aspirant Courot et deux hommes. Le colonel, qui a entre-temps tenu une conférence avec ses officiers qui refusent de se rendre, décide de consulter ses soldats qui s'empressent d'accepter. Il est 17 h 30 lorsque le colonel et son officier d'ordonnance montent dans la jeep « ]eanne d'Arc», celle du capitaine Giraud, pour être conduit à l'hôtel de ville sous le couvert d'un drapeau blanc. A leur arrivée, le masque soucieux du capitaine Giraud qui ne l'avait pas quitté depuis le matin disparaît et. dans un sourire, il laisse échapper sa certitude en la victoire finale. L'aspirant Courot retourne sur place et demande aux officiers de rassembler leurs hommes. Tandis qu'ils se préparent tout en détruisant la majeure partie de leurs armements, un groupe de F.F.l. qui a récupéré des armes au collège Claude-Bernard fait une arrivée intempestive et menaçante par une petite ruelle transversale. Les Allemands, affolés, croyant qu'ils ont été trompés, se précipitent sur les mitrailleuses qu'ils ont abandonnées. L'aspirant Courot se précipite dans la ruelle, échappant de peu à un tir d'un F.F.l., leur fait comprendre par des gestes et des cris qu'il est français et leur ordonne de décamper avant de commettre une énorme méprise en faisant échouer cette reddition qui a duré trois heures et qui comporte 1 800 prisonniers.

A 18 h, la ville de Villefranche est libre, libérée dans la même journée que Lyon et Anse, avec près de 90 jours d'avance sur le planning du commandement américain du débarquement de Provence. Tandis que des opérations de nettoyage, de surveillance continuent, le marché couvert héberge près de 3 000 prisonniers dont 80 officiers, placés sous la garde et la responsabilité des résistants caladois.

A l'hôpital, les médecins, les infirmiers. les pompiers et les secouristes qui ont eux aussi. au péril de leur vie, sillonné la ville durant toute la journée, s'activent autour des 38 Français et 156 Allemands blessés. Le bilan des morts est également dressé : avec les 21 civils tués au cours des combats, on compte du côté militaire 6 chasseurs d'Afrique, 3 Spahis, 2 combattants F.F.l. et du côté allemand 9 victimes.

Puis les rues qui se sont remplies d'une foule qui ne réalise pas encore tout ce qui vient de se passer se vident peu à peu, il est 20 h, l'heure du couvre-feu. Cette nuit-là, après une telle journée riche d'événements et d'émotions, les Caladois ne dorment guère. Dans leur demi-sommeil, ils prennent conscience que leur vie vient d'amorcer un grand tournant, qu'ils vont devoir vivre et gérer cette liberté retrouvée, qu'il leur reste à construire et à consolider cette paix nouvelle. Ça et là, au travers des rues de la cité, quelques coups de feux entretiennent cette heureuse insomnie, des patrouilles circulent à la recherche de quelques ennemis isolés qui se terrent.

Au milieu de la nuit, la section Beauvisage du 1er bataillon de zouaves qui a participé aux combats d'Anse, reçoit l'ordre de rejoindre Villefranche pour relever les chasseurs d'Afrique qui assurent la garde du pont de Frans. Au moment où les 7 half-tracks, tous feux éteints malgré la nuit, arrivent à la hauteur des Chantiers du Beaujolais, n'ayant point vu les appels de phares du poste de veille placé à cette entrée de la ville par le capitaine Giraud, un obus antichar tiré à près de 20 m atteint le premier véhicule. Croyant à une attaque allemande, la section Beauvisage fait feu de toutes ses armes puis l'engagement cesse: le zouave Joseph Guerillon. 21 ans. touché mortellement. est la seule victime de cette triste méprise. A l'aube. une folle ambiance de fête envahit la Calade : on pavoise les fenêtres, les emblèmes tricolores sortent de l'ombre, l'hôtel de ville est habillé des drapeaux fabriqués clandestinement, huit jours auparavant. dans les ateliers de confection et qu'un résistant avait tenu cachés dans sa chaudière alors inactive en cette saison. La foule envahit les rues, les badauds circulent au gré des traces et vestiges des combats de la veille. ces derniers sont l'objet de moult commentaires et récits aux terrasses des cafés qui ont retrouvé l'affluence des jours heureux. Puis la foule délaisse les abords du marché couvert où elle s'était rendue pour découvrir et dévisager les prisonniers allemands. sans leur manifester une quelconque agressivité ou hostilité. et va se masser tout au long de la rue Nationale pour acclamer une vague inhabituelle pour les Caladois. C'est une vague militaire, faite de chars. de tanks, de canons. d'ambulances, de fourgons. instruments et outils de la victoire en marche. Les « conscrits >> du jour ont pour origine tant la France métropolitaine que les pays du Maghreb. qu'ils soient chasseurs, zouaves ou Spahis ... et puis les voilà enfin ces Américains ! Les acclamations. les baisers, les vivats se mêlent aux fleurs. aux fruits et aux vins offerts à tous ces hommes qui s'en vont continuer leur combat libérateur, qui s'en vont continuer d'écrire l'histoire de cette armée d'Afrique qui, de la vallée du Rhône en passant par la Bourgogne. tout en ayant intégré dans ses rangs quelque 140 000 combattants F.F.l., après les dures campagnes des Vosges et de l'Alsace, franchira le Rhin. pénétrera au cœur de l'Allemagne vaincue et dont le chef. le général de Lattre de Tassigny, représentera la France lors de la capitulation à Berlin. On acclame. on escalade les véhicules. on s'enlace. on s'embrasse. on rit, on chante ... Après l'enthousiasme et la liesse collective, il faut aussi honorer les victimes militaires et civiles des combats de la veille. Tandis que Villefranche 48 honore ses morts, combien de familles pleurent aussi ceux qui sont absents. les soldats déjà tombés. tous ceux, résistants ou non. qui ont été arrêtés. dénoncés, torturés. déportés et tués. tous ceux qui avaient pour seul tort d'appartenir à une race. à une religion. à une pensée déclarées impures. Et puis. au-delà des pleurs. il y a cette angoisse pour tous ceux dont on est sans nouvelle, dont on ne sait s'ils vivent encore, s'ils reviendront demain. Alors, cette liberté reconquise, cette liberté redonnée, c'est aussi leur triomphe secret. leur fierté posthume ...

C'est la victoire du sacrifice consenti du jeune Raymond tel qu'il s'adressait à ses parents quelques mois auparavant.    Mes biens chers parents, frères, tante et toute la famille. Papa et Thérèse, Je vous écris cette dernière lettre que vous allez recevoir et qui va vous frapper en apprenant ma mort. J'ai été condamné à mort le 15 janvier, mon recours en grâce a été refusé et je dois être exécuté à 16 heures aujourd'hui 1er février. Je suis désolé de ne pouvoir vous voir une dernière fois, mais il faut y passer quand même. J'ai fait mon devoir de Français. je vais mourir comme un soldat tombé au champ d'honneur sous les balles ennemies. Pour Marcel. je pense qu'il va passer à travers cette horrible maladie et qu'il va rentrer à la maison aussitôt guéri. Moi, je vais prendre la direction du ciel tout à l'heure, c'est à-dire dans deux heures et demie, il est 13 h 30 et je vous écris. Je vais vous dire d'aller chercher mes effets chez M. Thevenet et M. Sambardier au Montmelard. vous leur donnerez le bonjour de ma part. Je vais assister à la messe en notre honneur et je vais aller devant le poteau avec tous mes camarades. avec courage et fierté. Je vais vous faire expédier mes vêtements que j'ai bien reçus. attention mon linge est plein de vermine, je vais mettre aussi mon caban qui vous servira. Gardez un bon souvenir de moi. aussi faites le nécessaire pour me faire revenir à la maison. au cimetière. pour être près de vous et que vous puissiez venir me voir. En tout cas. je vais être enterré et les autorités allemandes vont vous faire savoir où vous pouvez venir me chercher et faire votre devoir. Bien cher papa, je vais te quitter et je suis fier de mourir comme cela. je me figure tomber au champ de bataille. Thérèse. embrasse bien toute la famille pour moi et avise René de ma triste mort. que lui fasse son devoir. cela me fera plaisir. Pour une dernière fois adieu et faites-moi revenir auprès de vous. Votre fils qui vous aime et adore jusqu'à sa mort. Oue Dieu vous protège. Raymond avait 20 ans.  Guy CLAUDEY

JEAN COTTINET élu maire de Villefranche. Sorti tout droit d'archives personnelles, le premier maire de la nouvelle ville raconte la liberation.

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 Mr COTTINET relate les évènements du 3 septembre 1944 ( ci-dessous ) dans le Patriote Beaujolais 1947

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 Souvenir de campagne du 3eme escadron du 2eme Rgt de spahis Algeriens de reconnaissance

 Source:  Sur les traces de l'escadron noir ( Escadron de Baulny )

 PREMIERE VISION DE VILLEFRANCHE Avant de tenter l’attaque de Lyon du 3 septembre, le général du VIGIER veut savoir ce qui se passe dans la vallée de la Saône. Anse et Tarare, ce n’est pas encore assez loin. C’est jusqu'à Villefranche qu’il demande d’étendre le renseignement. Deux AM et deux jeeps sont donc envoyés le deux au soir tâter Villefranche et ses abords. C’est par le faubourg Sud-Ouest de Limas que Berneuse et Belliqueuse atteignent l’agglomération, et se glissent sans bruit jusqu'à proximité de la route nationale, entrant dans Villefranche encombrée d’un convoi ininterrompu de voitures à cheval, cyclistes, et piétons remontant vers le nord. Posément les voitures s’approchent, prennent des positions de tir, et déclenchent un feu infernal sur la chaussée toute proche. Le désarroi le plus complet se produit aussitôt. Nous saurons plus tard que des coups heureux ont fait une trentaine de victimes. Toutefois, il ne s’agit pas de rester trop longtemps à Limas. Les AM repartent sur Villefranche qu’elles traversent en coup de vent. De nombreux allemands se trouvent sur la place de l’hôtel de ville, suffoqués d’un tel spectacle, mais le tir dangereux de Belliqueuse les ramène à la réalité. Quelques haltes pour demander des renseignements aux civils français beaucoup plus excités pour nous interroger que pour répondre à nos demandes, quelques zigzags pour retrouver l’issue ouest de Villefranche et le Peloton rentre à Lozanne, enthousiasmé par les minutes qu’il vient de vivre.

 LA PRISE DE VILLEFRANCHE C’est la guerre éclair ; Lyon n’est pas encore pris, mais l’attaque de Villefranche est déjà décidée. Le capitaine GIRAUD du 9ième Chasseurs en est chargé et dispose d’un Peloton de TD de son Escadron et du 1er Peloton de l’Escadron de BAULNY. Sa mission consiste non seulement à occuper Villefranche mais aussi à s’emparer du pont de Jassans sur la Saône et à la hauteur de Villefranche avant que les allemands ne l’ait fait sauter. Le Peloton de reconnaissance est donc chargé de : 1 : bondir sur Jassans, mettre la main sur le pont, 2 : de boucher l’issue sud et nord de Villefranche 3 de prêter si besoin en est secours aux TD qui se maintiendront au centre de la ville. A 7h du matin venant de l’ouest le Peloton fait son entrée dans Villefranche encore endormie, traverse d’un bond la route nationale et ne s’arrête qu’à Jassans à l’entrée du pont intact. D’énormes torpilles en encombrent le tablier. Quelques allemands s’enfuient, la plupart sont fait prisonniers. L’aspirant CHEVALLIER s’installe sur le pont et en entreprend le déminage cependant que Berneuse et Belliqueuse vont tâter la sortie sud de Villefranche. Coups de canons et rafales d’armes automatiques viennent de plus en plus denses du centre de la ville. Les AM reviennent sans avoir pu atteindre leur objectif qui semble encore fortement tenu. Essayons alors l’issue nord et, suivie du canon automoteur de l’échelon conduit par le célèbre ZIAD et d’une Jeep, la patrouille remonte la route nationale de Lyon. Ici aucun bruit, aucune lutte. Deux postes sont établis l’un avec Berneuse et RUBIO, l’autre avec l’automoteur et AGUERA ; aucun renfort venant du nord ne doit parvenir à Villefranche et aucun allemand s’en échapper. Puis la bataille au centre de la ville semble gagner d’intensité, le chef de Peloton en jeep avec Belliqueuse, tente de rejoindre le capitaine GIRAUD. La situation n’est pas merveilleuse. L’aspect de la ville a complètement changé. Tout à l’heure la population était dehors, applaudissant à tout rompre ; maintenant la fusillade a fait rentrer presque tout le monde chez soi, et l’on n’entend plus que l’éclatement des balles qui saluent les voitures à plusieurs carrefours. Tant bien que mal et évitant les grandes rues, Belliqueuse et la jeep parviennent à retrouver le capitaine GIRAUD. Le principal point de résistance allemande est un collège entouré d’un parc entièrement clos d’un mur solide et élevé. C’est de ce collège qu’on tire sur l’hôtel de ville. A 9h30 un civil arrive en courant vers le capitaine : "Mon capitaine, de chez moi on aperçoit une mitrailleuse allemande dans l’allée du collège, venez voir". De fait, du grenier de la maison on peut voir à 800 mètres une mitrailleuse lourde allemande braquée sur le portail du collège à 100 mètres environ de l’hôtel de ville. Aussitôt une arme automatique est apportée et le capitaine GIRAUD s’adresse au chef de Peloton de reconnaissance : "SAUVEBEUF, je tire d’ici sur cette mitrailleuse ; avec Belliqueuse, tâchez de nettoyer le collège". Belliqueuse part suivie de la jeep et utilisant de petites ruelles tournant autour de l’hôtel de ville parvient sans se faire voir et sans bruit à proximité du fameux portail du collège. Le chef de voiture, le maréchal des logis CAZAUX arrête alors son véhicule et va faire à pied une reconnaissance. Silence de mort, personne dans les rues, toutes les persiennes des fenêtres sont fermées ; il s’approche du mur, trop élevé pour que la mitrailleuse de Belliqueuse puisse tirer, fait un rétablissement et observe de l’autre côté. Puis il fait signe au chef de Peloton de venir voir : Tous deux sont maintenant sur le mur. Devant eux part une avenue bordée d’arbre, au pied de l’un de ceux-ci à 100 mètres, se trouve la mitrailleuse allemande repérée. Plus loin, des gens à pied sont en train de creuser des trous de chaque côté, de l’avenue. Plus loin encore, à 400 mètres, des véhicules sont camouflés sous les arbres. Les allemands ont l’air de s’enterrer. Il faut donc se dépêcher, sinon l’attaque sera plus difficile. Malheureusement on ne tire plus sur la mitrailleuse lourde allemande. Que faire ? chaque minute qui passe est une minute précieuse pour la défense ennemie. Il faut agir et vite ... Le MDL CAZAUX est remonté sur son A.M ; à voix basse il met au courant son équipage de ce qui vient d’être décidé. Pour tous c’est la première fois qu’ils participent à une opération aussi osée. On peut lire sur leur visage autant de joie que de fermeté. Bientôt Belliqueuse démarre doucement et vient se placer devant le portail, le moteur au ralenti. "En avant", dit CAZAUX dans son interphone et brusquement Belliqueuse enfonce le portail en fer qui s’effondre avec une partie du mur qui le retenait, et en même temps canon et mitrailleuse ouvrent le feu et balayent l’allée du collège. L’arme automatique ennemie n’est pas surprise. Les servants étaient à leur place et ripostent d’un feu nourri qui ne dure que quelques secondes, car NAVAZA, le tireur de Belliqueuse ne tremble pas. Deux servants sont tués et les autres se précipitent dans un champ de maïs abandonnant leur pièce. "Victoire, crie dans l’interphone le brigadier GARCIA, le radio, on les a eus". Hélas, tout n’est pas fini. Voilà que Belliqueuse est sous le feu d’une autre arme automatique. Le buisson contre lequel est l’A.M. l’empêche de voir dans la direction de l’arme. "En avant" crie CAZAUX. Belliqueuse n’avance pas. "Je ne peux plus avancer", crie DOUAT le conducteur. A ce moment plusieurs coups transpercent la voiture : le radio GARCIA est tué sur le coup. DOUAT le conducteur est criblé d’éclats. "En arrière", crie CAZAUX "L’accélérateur ne répond plus", crie DOUAT, qui malgré ses blessures reste crispé à son poste. Dans l’impossibilité de déplacer sa voiture et de tirer sur l’arme ennemie, CAZAUX décide d’évacuer Belliqueuse et sous le feu de nombreuses armes automatiques cachées un peu partout dans le parc, CAZAUX, NAVAZA sautent de la tourelle et aident DOUAT blessé à se dégager de sa place. Pour GARCIA tout est fini. Il s’agit de profiter du désarroi dans le camp adverse. Un T.D est demandé en renfort au capitaine GIRAUD. 5 minutes après, le char arrive, et bousculant l’AM, il se présente dans l’avenue du collège ; mais les allemands se replient et tentent de gagner la sortie de Villefranche. Le poste occupant la sortie de la ville, en 1H30 d’escarmouches, en capture soixante dont deux tués, dix blessés et quatre officiers. Le collège est donc évacué. Grâce à Billiqueuse, on peut maintenant s’établir solidement au centre-ville. Nous nous sommes coupés de Jassans, car la poussée ennemie, venant du sud et se grossissant sans cesse des éléments qui se replient de Lyon et de Anse progresse peu à peu. Nous ne tenons plus la route nationale au centre de la ville ; et le soutien se trouve bien isolé sur le pont de Jassans. Heureusement il a pu être renforcé dans la matinée par un groupe du génie. Ils seront toute l’après-midi harcelés par des patrouilles ennemies. Le chef de section génie tente vers 14h de passer le barrage en jeep. Sa voiture reçoit un obus antichar à bout portant et l’officier ne reprend ses esprits que cinq minutes après. Accident, chute, course effrénée vers le point de départ, tout est noyé dans un souvenir nuageux. Des patrouilles de Spahis à pied contre-attaquent pour dégager les voitures et la situation se maintiendra sans changement jusqu'à 18h. Pendant ce temps, au nord, il y a eu du grabuge. Vers deux heures on nous a signalé que des patrouilles du 3ième RCA allaient travailler encore plus au nord ; et vers 3 heures les observateurs d’ AGUERA aperçoivent deux ou trois véhicules débouchant sur la route à 1500 mètres au nord et s’arrêtant. Amis ou ennemies ? L’AM pointe, MORSLI à son canon, ZIAD au volant. Tout le monde essaye de reconnaître. On distingue un remue-ménage comme si l’on mettait une pièce en batterie et pourtant beaucoup de civils semble entourer ces militaires. Ce ne doit donc pas être des allemands. CAMPO part en courant se rendre compte de plus près de l’identité de ces individus. Hélas nous avons trop hésité. Ils ont tiré les premiers et leurs premiers coups ont atteint de plein fouet l’AM. MORSLI et ZIAD sont tués sur le coup. Un feu d’enfer balaie ce carrefour où il ne reste que l’AM Berneuse et les 4 ou 5 hommes d’AGUERA qui depuis le matin ont déjà ramassé une soixantaine de prisonniers. Il faut dégager ce carrefour, mais l’accélérateur de Berneuse ne répond plus, et c’est juché sur le moteur et actionnant la tringle à la main que RUBIO fait traverser à son AM la ligne de tire du canon boche. Le capitaine GIRAUD averti et trouvant ce poste trop en l’air le fait revenir au centre-ville. Le Spahi CAMPO parti en reconnaissance est revenu dès les premiers coups, mais trop tard pour embarquer sur Berneuse. Le canon allemand s’est arrêté de tirer et il semble même que ses servants soient en train de le raccrocher. CAMPO se précipite alors sur l’AM détruite, prend la place de MORSLI et tire coup sur coup sur l’ennemi qui se replie, vengeant ainsi ses camarades de Peloton. 17H : au centre, l’étreinte venant du sud se resserre et aucun renfort ne nous parvient. 18H : un jeune homme de Villefranche nous apporte la décision du commandant allemand de se rendre et le lieutenant de BUZONNIÈRE arrive fort à propos avec son AM pour aller encadrer les 4000 allemands qui se succéderont, unité par unité devant la mairie pour se faire désarmer. Le butin est considérable canons, camions, VL, rien ne manque. A 18H30 la liaison avec Jassans est reprise et le capitaine de BAULNY se porte lui-même au-devant de l’aspirant CHEVALLIER. C’est d’ailleurs à Jassans que se rassemble tout l’Escadron pour la nuit. 

La bataille de Villefranche a couté la vie à trois spahis: GARCIA Dominique- ZIAD Ben Salah - MORSLI Moheddine Ben Kadda

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Le colonel KIENTZ commandant le CC2 et le Général TOUZET du VIGIER commandand la 1ere D.B défilent rue Nationale

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TEMOIGNAGE d'un ouvrier de VERMOREL, menbre du comité local de la liberation, Mr MICHEL

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 La débacle Allemande : 18/08-02/09. Durant cette retraite deux drames se produisent.

Le 21 août, au café MARGOT, place Claude Bernard, SURLES Maurice, 37 ans consomme au bar, il lie conversation avec un allemand pris de boisson, celui ci lui montre sa mitraillette et lui glisse dans sa poche quelques balles. Le soldat sort et revient brusquement pour décharger sa mitraillette sur SURLES.

Le 23 août, THEVENOT André revenait de Beaujeu en compagnie de son camarade RIVOIRE, ils sont arrêtés par quatre feldgendarmes devant le collège Claude Bernard, ignorants que le couvre feu a été avancé a 20 heures, il est 20heures 30. THEVENOT parlemente, insiste pour qu'il soit accompagné a son domicile, s'exprimant avec des gestes. Excédé par ce dialogue de sourd, un allemand tire trois coups de feu sur THEVENOT qui meurt sur le coup.

D' autres résistants vont perdrent la vie, les jours précédent la liberation

Une première escarmouche eu lieu au rond point de la rue pierre morin le 11 juillet, les allemands s'emparèrent d'un gars du maquis dont le nom restera inconnu, devant le cinéma royal, il l'assassinèrent d'un coup de feu derrière la nuque après l'avoir roué de coups, ils le dépouillèrent de ses chaussures, son corps restera exposé jusqu'a la nuit.

Le 8 août 1944. Des membres FTP de Villefranche s'emparent aux établissements NICOLAS de vêtements destinés au maquis de Lamure. Alerté les allemands intercepte la camionnette des résistants au carrefour du boulevard Gambetta et du chemin des Rousses. René RENOUD-LYAT, 30 ans, ouvrier métallurgiste, père de trois enfants est tué au cours de l'accrochage.

Son camarade ECHALLIER Jean est blessé a la cuisse, il est ramené devant le clos Delaye et est sauvagement abattu devant les joueurs de boules alignés au mur , les mains sur la tête, sous la menace d'une mitrailleuse

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4 SEPTEMBRE 1944. 11 heures. Funérailles des soldats tués au combat pour la liberation de Villefranche

Le 3e escadron du 9eme Regt. Chasseurs d'Afrique rend un dernier hommage à ses morts: Jean-Louis FARAUD que son épouse attend rue Medea à Mascara, Louis CLAVERIE dont le père habite Grignols en Gironde, Robert MONNIER et Diego LEON que leurs mères attendront en vain à Phillippeville et Oran. Le capitaine GIRAUD salue, les chasseurs emportent à l'intérieur de l'église les cercueils posés sur un dodge 4X4

thumbnail_img670 2eme Régiment de Spahis Algeriens de Reconnaissance.  Brigadier Dominique GARCIA 21ans, tué à Mongré, Brigadier Mahieddine MORSLI 34 ans et le Spahis ben Salah ZIAD 33 ans tués au carrefour de la Chartonnière.

 3eme régiment de chasseurs d'Afrique                                                                                                                                       Ce même jour, l’intégralité du 1er Escadron se rend à Villefranche sur Saône afin d’assister aux funérailles du Maréchal des Logis chef Conti et du Cavalier Halimi, tués au carrefour de la chartonnière. L’émotion est palpable sur les visages des cavaliers du 1er Escadron.

Le lieutenant Gentien racontera : « Quand je pénétrai dans la capitale du Beaujolais, le calme était revenu et toute la population s’apprêtait à célébrer avec émotion les obsèques de nos morts. Or un des équipiers du char était un juif d’Algérie. Il s’appelait Halimi. Voyant le cercueil contenant sa dépouille placé avec les autres dans l’église, je me précipitai sur le vieux curé : « Monsieur le Doyen, vous ne pouvez pas enterrer cet homme-là avec les autres, il était de confession israélite, attendons un rabbin afin qu’il soit inhumé suivant les rites de sa religion. ». Le prête m’envoya promener sans ménagement : « Vous n’allez pas m’en enlever un, non ? ».

Peu après la fin de la cérémonie, le 1er Escadron aux ordres du Lieutenant Des Moutis est mis à la disposition du Commandant Rouvillois, chef d’Escadrons au 5e RCA et du Groupement A du CC2. Le Groupement A étant composé du 1er et du 2e Escadron / 5e RCA ainsi que des éléments du 1er / 3e RCA.

Deux membres F.F.I ont touvé la mort au cours des combats pour la liberation de Villefranche. PONCET près du stade et Romain ROSSET, blessé mortellement.

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 La plaque apposée sur le mur de la maison et autour de la maison une batterie du 68eme R.A tirait sur la route nationale 6

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 Convoi allemand détruit sur la nationale 6, vers le hameau de la Fontaine

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 Théodore BRANCHE, retraité à Paray le Monial, était avant guerre, pied-noir en Algerie. Débarqué avec l'armée Américaine, il a participé à la liberation de plusieurs villes... << Je suis parti à l'armée en 1938, j'ai donc fait la campagne de tunisie contre les italiens en 1940. D'août 1940 à novembre 1942 ( Après le débarquement anglo-américain d'Afrique du nord) je suis mis en congé de l'armée et affecté aux services secrets. En novembre 1942, je suis rappelé et compte tenu de ma formation de radio, affecté à une unité de chars. Ce fut alors la formation. On faisait tout à tirs réels, en apprenant le maniement de tout le matériel Américain. Ce fut très dur... on en a bavé, peut-être plus que pendant la guerre. Le 7 août 1944, départ d'Oran et débarquement le 15 en Provence. J'étais radio sur un tank destroyers, intégré dans un combat-command de l'armée Américaine(N°1) Le 15, nous manquions de matériel, les allemands avaient tout miné, mis des canons de partout. On a manqué de drageurs de mines qui étaient restés en Normandie. On a débarqué l'après-midi sous un déluge de mitraille. Le soir du 15, on a passé la nuit à Sainte Maxime. Le lendemain, on a pris Le Luc, ça s'est bagarré dur. Puis on a filé sur Toulon et Marseille qu'on a libéré le 24 août. A partir de ce moment, nous somme rattachés à la 1ere D.B du général Sudre, tout en gardant l'appellation de combat-command N°1. Les 3 et 4 septembre, nous liberons Anse, Villefranche, Belleville, Crèches, Macon, nous progressons par la RN6. Je me souviens à Villefranche du commandant ZIEGEL et des maquisards. Ils nous ont beaucoup aidé, même s'ils leur manquait des armes pour se battre contre les chars Allemands. A Chalon, nous avons eu de durs engagements, mais avec le maquis, nous liberons la ville. C'est moi qui est détaché le drapeau a croix gammée de la kommandantur. Je me souviens, j'étais avec les prisonniers, une jeune femme s'approche et donne une gifle magistrale, à un. Elle dit: tuez-le, il a tué mon père. Je lui demande: c'est lui qui l'a tué? elle répond: non mais tuez-le ! Alors je lui dit, on ne tue pas de sang froid, ce serait criminel..............

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 ILS ONT PARTICIPE A LA LIBERATION: Les F.F.I du groupement PERRAUD . St TRIVIER sur MOIGNANS

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 A.S /Mouvement KERIOLET

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                 LE BATAILLON du CHAROLLAIS  à VILLEFRANCHE

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Philibert BLANC né à Limas le 9 janvier 1921

 Philibert Blanc était cheminot, homme d’équipe, auxiliaire aiguilleur à Montmelard en Saone et Loire , Requis pour le STO, il doit partir en Allemagne le 18 Juillet  1943 travailler à la DRB à Munich Sud ...

ll refuse de partir pour l' Allemagne et devient refractaire , il rejoint alors le Maquis de Beaubery .

  Le  11 novembre 1943, à Villars, entre Beaubery et Montmelard, …

« le Capitaine Claude, décide, avec ses troupes, de rendre les honneurs aux Morts de 1914-18 et de défiler en armes, drapeau en tête. Tandis qu'il dépose une gerbe au pied du monument, un agent de liaison apporte une mauvaise nouvelle : quatre cents Allemands environ montés dans douze camions, sont partis de Mâcon pour attaquer les camps (1).

Avertis donc de l'imminence d'un encerclement, les maquisards vont prendre leurs dispositions de combat. Cinquante hommes se trouvent à Villars, à deux kilomètres du gros des troupes, et ignorent tout des événements. Le Capitaine Claude leur envoie un détachement de sept hommes pour les faire se replier à temps vers lui. Trop tard. Les Allemands arrivent déjà sur les lieux et ouvrent le feu sur eux. Il est environ douze heures. 

 Bien renseignés sur les positions de Villars qu'ils contournent par le sud, les Boches engagent une bataille sérieuse. Les maquisards amorcent une retraite vers le nord, tandis que le détachement, qui avait pour mission d'entrer en contact avec eux, tombe dans les filets de l'ennemi en plein bois, et entame une lutte sans espoir. Les Allemands le déciment, tuant quatre hommes (2) en blessant deux et faisant le septième prisonnier.

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               Memorial du maquis à Beaubery

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 Les deux canons de 75 à l'entrée de l'esplanade ont été pris aux allemands le 3 septembre 1944 à Villefranche

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 Planques, parachutages,sabotages en tout genre...En décembre 1943, le groupe Alain infiltre Villefranche. Avec une cinquantaine d'hommes, le travail de sape contre l'occupant peut commencer. Jean TIXIER, alias Alain, et Maurice HALLUIN, son compagnon de clandestinité, nous révèlent quelques opérations.

Le cendrier est sur la table, Camille, pose ton mégot..  Le message codé grésillait enfin sur Radio-Londres. Deux semaines d'incertitude s'envolaient, le groupe Alain pouvait être installé en calade. En ce mois de décembre 1943, j'avais pour ordre du réseau Alliance, basé en Angleterre, de créer une cellule de résistance à Villefranche. Mission: prendre contact avec le P.C clandestin de Jean COTTINET. Je n'avais qu'un nom, Raymond Jacq, susurré par un commissaire de police. L'homme rencontré par trois fois, choissisait de s'enfermer dans un prudent silence. Juré! il ignorait tout de la résistance. Rien ne prouvait évidement que je n'étais pas une taupe allemande...Le rendez vous était finalement décroché dans la méfiance. Mon camarade Philippot m'accompagnait pour affronter la suspicion de Camille JACQ et les siens.Une maison anonyme, quelques minutes soupçonneuses et le curieux message de reconnaissance était rédigé. Diffusé par Radio-Londres, j'étais reconnu comme le chef de voûte des relations avec la capitale anglaise. Oublié ou égaré, je devenais l'homme a abattre. Quel soulagement quand la T.S.F l'à martelé, perdu entre mille! Jean TIXIER disparaissait, je prenais ALAIN pour nom de guerre. Maurice HALLUIN me rejoignait le 15 décembre, après une longue vadrouille. En Espagne en septembre 1940 pour rejoindre la France libre, puis à Toulon lors du sabordement de la flotte Française en novembre 1942 , il venait de s'échapper des mines de plombs allemandes de Bleiberg en septembre 1943! Comment ne pas accorder à cet hommetêtu le commendement du corps franc de Villefranche! Avec une cinquantaine de gars, le groupe était paré pour harceler l'occupant. Nousdevions d'abord éviter les rafles pour les camps de travail et les usines du troième reich. Faux papiers et cartes de travail falsifiées passaient mieux sous le manteau depuis que des tampons officiels s'étaient égarés, par bonheur, du bureau de placement allemand... Un ouvrier de l'entreprise Vermorel avait même pu en tourner un superbe dans du cuivre, à défaut de caoutchouc!   Toutes ces combines étaient bonnes. Surtout celles d'un ami médecin qui avait pu dégoter des cristaux d'albumine. Placé sous l'ongle pendant les visites médicales, il suffisait de le laisser tomber délicatement dans le flacon d'urine. Efficace. L'exemption était assurée. Jusqu'au jour ou un idiot en mît une dose à tuer un cheval! En mars 1944, c'est la mairie que l'on cambriolait. Elle croulait sous les fiches de recensement. Tous les hommes valides de la région risquaient un voyage forcé dans les camps de travail. Embarquées dans la fièvre et la sueur, il faudrait pas moins de huit jours pour toutes les détruire dans un poele à charbon! Quelques semaines plus tard, il fallut redoubler de culot pour déjouer les nouveaux plans allemands. Cinquante jeunes des chantiers de jeunesse travaillant pour l'usine Vermorel étaient prévus pour le prochain convoi à destination du reich. Le renseignement tombé, ils furent évacués en catastrophe et en pleine nuit, direction Chamelet, puis de Saône et Loire. Nous étions fous! Deux ou trois fois par semaine, pour assurer la liaison courrier avec le P.C de Lyon, rue des marronniers, Maurice HALLUIN jouait à un cache-cache mortel avec les miliciens. Combien de fois a-t-il dû changer de train à la diable dès que les traitres montaient ? La gestapo absente de Villefranche, c'est d'ailleurs eux que l'on craignait envers tout.  La kommandantur ? Elle n'abritait plus que des anciens de la grande guerre pressés de retrouver leur village de bavière ! Toussaint VACCA, qui tenait le café-restaurant de la rue de la gare - notre PC - les avaient a sa botte. il les saoulaient dès qu'il avait un problème. Si bien qu'un jour ou la sacoche d'un de mes gars craqua devant le QG allemand, ce sontles gardes qui l'aidèrent à ramasser ses grenades roulant à terre.... En gare, VACCA réussit même à faire charger par des soldats de la Wehrmacht des cantines pleines d'armes. Avec tout ce trafic, le plancher de son bar dissimulait un vrai dépot de munitions. De sabotages en parachutages, mon groupe avait préparé de son mieux la prochaine liberation. Et ce jour j, tous étaient fin prêts. Dès le 2 septembre, j'avais rencontré à Pommiers les premiers éléments avancés du Capitaine GIRAUD. Mission: assurer les liaisons avec les officiers, détecter les mouvements allemands et transmettre les ordres de Jean COTTINET, chef du secteur MUR Le 3 septembre au matin, on pouvait en découdre. HALLUIN était sur tout les fronts, grenadant ici les pièces antichar, (Devant le collège Jean MOULIN) attaquant là le collège de Mongré avec les blindés... ARIOULOU otait son uniforme allemand passé la veille pour infiltrer les défenses ennemies et décrochait au culot la reddition des forces du collège Claude BERNARD... Tous sebattaient avec courage. En fin de journée, il restait à prendre en charge les presque 3000 prisonniers. Quelques un de mes gars s'en chargeaient, avec pour toute surveillance quelques fusils et une mitrailleuse en panne pointée sur le marché couvert! Le 3 septembre au soir, une page était tournée. Le groupe ALAIN recevait les remerciements du Capitaine GIRAUD, pour son dévouement et son courage.  MICHEL ROBICHE

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 Marie-Jeanne était employée de maison rue d’Anse le 3 septembre 1944

  « Le 3 septembre 1944,  j’ai  nettoyé les lieux chez mes patrons,  après le départ de la Kommandantur, au lieu d’aller danser au marché couvert ! Marie-Jeanne Martin née Chardonnet,  le 28 septembre 1921, était comme beaucoup de jeunes filles et femmes de leur époque, placée chez des gens de maison.

« J’ai travaillé chez la famille Mulaton, de l’usine de confection de bleus de travail  Quelin et Mulaton, de 1939 à 1947. Ils avaient alors une grande propriété au 44 de la rue d’Anse avec dans le parc, une orangerie et une petite maison pour le jardinier. Je logeais dans la chambre de bonne sous les toits.

Fin août, je me souviens de l’arrivée des allemands qui ont sonné au grand portail un vendredi à 4 heures du matin, mais avaient déjà escaladé le mur. Claude Mulaton est venu ouvrir, et une dizaine de chars ont pénétré dans la cour. Une huitaine de membres de la Kommandantur a investi la maison, et j’ai du dormir dans un placard de la lingerie, car ma chambre sous les toits a vite servi d’observatoire. J’étais terrorisée, seule dans la maison avec mon patron, son épouse étant partie en montagne avec ses filles. Les allemands pensaient encercler Villefranche et couper le pont de Jassans, ce qui n’a pu se faire grâce à deux ouvriers dont Auriolou ( en fait se sont GARNIER et HIRN ) et j’ai oublié le nom du second.  Je n’ai jamais lu aucun écho de ces héros dans les livres !   

Nous  devions rester  souvent dans la cave et mon patron ne cessait de me dire de me préparer à mourir, car si Villefranche ne se rendait pas, c’est ce qui nous attendait ! Nous étions autorisés à prendre nos repas dans la cuisine, après qu’ils aient eux-même déjeuné, mais ne nous laissaient manger que les rares  légumes du potager, nous offrant juste  un peu de café. Et nous les regardions  dévorer beurre et gruyère ! Par contre, il restait du bon vin dans la cave,  qu’ils ont abondamment dégusté ! Toutefois nous avons eu de la chance car ils ne nous ont pas fait de mal. Le matin ils escortaient Claude Mulaton pour qu’il se rende à l’usine.  Ce dernier  m’avait bien dit de me taire, mais j’avais l’habitude de rester bouche cousue, car dans l’Orangerie qui n’a jamais été fouillée, il y avait des bleus de travail pour les maquisards, sous un énorme  tas de foin. 

Le jour J

Nous avions entendu les bombardements d’Anse, et ne savions qui arrivait, amis ou ennemis, les nouvelles peinant à parvenir et mon patron ne me disait pas tout ! Les allemands croyant qu’une colonne de chars des alliés venait sauver la ville, se sont rendus en ayant écho de l’arrivée du Capitaine Giraud. Ils ont été bien surpris quand, suivant les maquisards et les soldats venus les chercher avec d’autres prisonniers, ils ont vu qu’il n’y avait qu’un seul char ! Je les ai vus partir, et j’ai appris qu’on mettait tous les prisonniers au marché couvert. Mais après le départ des allemands chez nous, les « faux maquisards » impossible à repérer parmi les autres, sont venus fouiller le camion plein de ravitaillement, heureusement suivis de près par la police qui a cadenassé le camion ! Très vite d’ailleurs ma patronne est arrivée avec ses filles, prévenue par téléphone par son mari. J’ai bien appris qu’il y avait un bal au marché couvert, mais, en bonne employée obéissante, j’ai du nettoyer la maison. Seule consolation, mes parents ont été prévenus que j’étais en vie ! » Marie-Jeanne avait chez elle des photos, des livres, des lettres, mais hélas tout a disparu dans l’explosion de son appartement de Belleroche, quartier de son cœur, avant d’arriver par obligation à Ma Calade. Elle garde  au cœur ses souvenirs intacts. Une vie bien difficile, ce qui explique sans doute que Marie-Jeanne ne se plaint jamais, assumant les coups du sort, toujours très entourée, agréable en société !

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Occupée par la Wehrmacht, Villefranche a payé un très lourd tribu à l'armée allemande, que ce soit en terme humain, avec le perte de plusieurs activistes résistants caladois, ou matériellement par les privations de la population et les amendes imputées à la commune par l'occupant en représailles de plusieurs actes de sabotage perpétrés sur des infrastructures comme les lignes téléphoniques et les voies ferrées.

Malgré les risques, une partie de la population n'avait pas peur de s'exprimer, une manifestation et un défilé ayant même été organisés le 14 juillet 1943 rue Nationale. A Villefranche, on écoute aussi intensément Radio Londres. Apprenant le débarquement de Normandie, les Caladois se rebellent de plus en plus mais payent un lourd tribu avec une répression allemande très forte en juillet et août 1944. Villefranche s'attend alors à être libérée par les Américains, mais c'est des Français que vient le salut en ce début du mois de septembre 1944. Les détachements allemands encore stationnés en Calade sont chargés des destructions d'ouvrages afin de ralentir la progression alliée. La soirée du 2?septembre a bien commencé, mais s'est terminée d'une manière plutôt agitée, avec des coups de feu qui ont commencé à retentir. Un repérage des installations ennemies est réalisé. La prise de la ville risquait d'être difficile?: des renforts allemands étaient arrivés à l'actuel collège Jean-Moulin et route d'Anse. A 7?h 10, un convoi est arrivé rue de Thizy, à l'entrée de la rue Pierre-Morin. Un homme est descendu de la voiture et s'est adressé aux habitants : il s'agit du capitaine Henri Giraud (futur général). Le combat a commencé près du collège et s'est étendu rapidement dans toute la ville. L'action conjuguée des forces conduites par le capitaine Giraud, des maquisards et autres soldats a permis la délivrance de la ville, la reddition ennemie étant obtenue en fin d'après-midi. Les prisonniers allemands sont rassemblés en une impressionnante colonne, dont les Caladois qui ont vécu ces jours sombres se rappellent encore. Cette période, et plus particulièrement la libération de la ville, Marguerite Godard, aujourd'hui âgée de 92 ans, s'en souvient encore très bien. "J'étais enceinte à l'époque, j'étais retournée habiter chez mes parents." La famille Godard possède à l'époque plusieurs garages dans la commune. Concessionnaire Peugeot, le père de Marguerite a plus de quatre-vingts employés. "La veille, une bombe partie de Pommiers avait touché la villa de mes parents. Les Allemands sont arrivés et nous ont dit qu'ils allaient réquisitionner la maison. Ils ont commencé à fouiller et ont alors vu les vélos et motos que mes parents stockaient pour des amis qui venaient du Beaujolais. Ils ont tout emporté, mais ils n'ont pas dormi chez nous. Ils avaient déjà réquisitionné une maison de mes parents, près d'un de nos garages rue Claude-Bernard." Marguerite a ainsi conservé, gravé dans sa mémoire, de nombreux souvenirs de cette période troublée, comme le fusil qu'un maquisard lui avait lancé dans les jambes pour échapper à une patrouille allemande, ou bien son frère qui avait failli être emprisonné car ses vêtements le faisaient ressembler à un Anglais. "Mes parents cachaient aussi des résistants, des maquisards, ils nous avaient appris à ne pas avoir peur." Lorsque Villefranche est libérée, sa grossesse empêche Marguerite de se joindre à la fête. "Mais j'ai vu défiler les femmes que l'on avait tondues pour avoir fréquenté les occupants." En différents endroits de Villefranche, le souvenir de ceux qui sont tombés pour libérer la France est encore gravé sur des plaques commémoratives. Les festivités organisées la semaine prochaine devraient contribuer à faire en sorte que personne n'oublie ce qui s'est passé, il y a soixante-dix ans, pour que Villefranche soit débarrassée de ses occupants.

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      Le bataillon du Charollais à participé activement à la libération de Villefranche

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Romain François Gustave ROSSET, né à Puteaux le 30 octobre 1910, mortellement blessé * au combat de Villefranche le 3 septembre, décédé le 5 septembre à 14 heures. Faisait parti du maquis de Beaujeu. Ingénieur au ministère de l’air, domicilié à Villeurbanne (son nom est inscrit sur le monument de la place Lazare Goujon) .Grosse plaie de la région thoraco-lombaire gauche

ALBERT PONCET

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 Le lieutenant SAUVEBOEUF du peleton de spahis algériens est chargé de nettoyer le collège de Mongré. Le collège situé au coeur d'un vaste domaine est fermé côté EST par un portail qui se prolonge par une allée bordée de marronniers. L'auto-mitrailleuse de GARCIA " La Belliqueuse " enfonce le portail et balaye de son tir l'allée du collège. L'ennemi s'enfuit dans un champ de maïs, mais une arme automatique dissimulée dans un buisson entre en action, la Belliqueuse est touchée, son équipage évacuent sauf le Brigadier GARCIA, 21 ans, mort.

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 EL FDIL BEN AHMED né à Douar Ben HAMMOU ( région de Marrakech) Maroc, en 1924. Faisait partis du 44 eme Bataillon de Transmission. Mort accidentellement dans la ligne droite de la Chartonnière, sur Arnas

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Prévenus de la présence d'un canon anti-char dans le square en face du collège, battant le S-O de Villefranche, des chasseurs du 9eme R.C.A tentent de s'approcher du Medjez-el-bab (Arnal) touché et immobilisé. Leur véhicule reçoit un tir de l'anti-char 37 pack, il amorce une marche arrière, mais laissent sur le terrain deux blessés et un tué, le chasseur Robert MONNIER, 21 ans. L' Aspirant COUROT monté sur les toits de l'usine Vermorel avec un civil (Halluin) quatre chasseurs et René MONNIER, le frère de Robert, réduisent au silence l'anti-char. Du toit rené a vu son frère touché. Sous la protection du char Champagne, COUROT, redescendu évacuera Robert MONNIER. Robert est né à Claye Souilly ( Seine et Marne ) en septembre 1922, fils de Alphonse et Fernande DECELLE.

Louis CLAVERIE, soldat au 9eme R.C.A, 3eme escadron, né à Cocumont ( Lot et Garonne ) le 11 novembre 1920, fils de Pierre et de Catherine GERMAIN, membre du char Champagne venu se posisionner a l'emplacement de l'anti-char 37 pack, pour tirer sur le collège. Louis CLAVERIE reçoit a ce moment là une balle en pleine tête.

 

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 JOSEPH GUERILLON le dernier combattant tué à Villefranche Le 3 septembre 1944 à 23 heures                                               ANSE. Un convoi composé d’half-track doit partir sur Villefranche. Dans le premier véhicule, assis à l’avant se tient Joseph GUERILLON, qui le matin même tirait sur la flèche de l’église d’Anse avec sa mitrailleuse, des balles incendiaires. La colonne s’ébranle dans la nuit, tous feux éteints. Arrivée à l’entrée de Villefranche, au niveau des chantiers du Beaujolais, le capitaine GIRAUD avait installé un poste de veille. Un guetteur voit arriver ce convoi, il envoie des signaux lumineux qui restent sans réponse. Croyant à l’arrivée de véhicules ennemis, celui-ci tire un obus anti-char qui atteint l’half-track de Joseph GUERILLON, lequel pousse un cri et s’effondre, touché mortellement. Un bref échange de tir a lieu, qui rapidement cesse. Joseph est chargé dans une jeep et emmené a l’hôtel dieu. Joseph Jules Augustin GUERILLON, zouave à la 3eme compagnie, 1er bataillon porté de Montluçon, né à Saint Georges sur Fontaine (seine inferieur) le 7 mars 1923

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Une colonne allemande venait d'être signalé à Beligny. Torse nu, FARAUD conduit son véhicule blindée vers le quartier de l'abattoir. Il entre en action lorsque sa mitrailleuse lourde s'enraye au mauvais moment, par malchance son moteur calle. Il réussit à remettre en route et dégage son véhicule lorsque une balle le touche à l'omoplate. N'abandonnant pas le combat, il s'apprête à mettre son fusil-mitrailleur en position, une balle partit du jardin de Mr GRIS l'atteint vers l'oeil . Il tombe glorieusement sans une plainte.

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Vers 14 heures, le commandement décide de pousser plus au nord la position Française. La mission est confié au spahis et au chasseurs d'afrique. Arrivés au carrefour de la Chartonnière, ils aperçoivent trois véhicules qui débouchent de l'avé Maria. Ils hésitent donnant le temps à une batterie Allemande de tirer. Le 1er coup atteint une auto-mitrailleuse tuant Mahiedinne MORSLY et ZIAD ben Salah. Un feu d'enfer balaie le carrefour, tuant Jean CONTI ET Maurice HALIMI. Un soldat parvient à riposter sur l'ennemi qui se replie , pris également sous le feu d'une batterieinstallée à Pommiers.

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 Georges JANISSON, menbre de la résistance, effectuait en compagnie de quatre camarades, une mission pour le compte du maquis, lorsque à Gleizé ils tombent dans une embuscade. Ses camarades s'enfuient mais JANISSON reçoit une balle de mitrailleuse dans la cuisse, il passe la nuit sans soins. Transporté le matin à l'hopital, il ne survit pas à sa blessure.

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 André THEVENOT, demeurant rue Jean-Michel SAVIGNY, revenait de Beaujeu, ignorant que la couvre feu avait été avancé à 20H. Interpellé par quatre feldgendarmes, ceux ci veulent l'emmener au collège mais THEVENOT insiste pour qu'ils le raccompagnent a son domicile, s'exprimant plus par gestes que par la parole. Excédé un allemand tire trois fois.THEVENOT meurt sur le coup.

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Louis JACQUET, FTPF, revenait d'une mission avec son camarade LUZY. Ils sont arrêtés montée Saint Roch par les allemands, ceux -ci veulent les emmener à Montgré, devinant le sort qu'ils leur sera réservés, tous deux s'enfuient. LUZY  parvient à s'échapper mais JACQUET connaissant moins les lieux à un moment d'hésitation. Rattrapé, il est abattu devant la bourse du travail.

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Le Perréon pendant la Seconde Guerre Mondiale

Né en 1932, Jean LAVEUR avait 7 ans lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclata.

70 ans après la fin de la guerre, il replonge dans ses souvenirs d’enfant et nous raconte ceux qui ont marqué sa mémoire, entre drames terribles et anecdotes cocasses.  

Pour que ceux qui n’ont pas connu cette triste époque sachent ce qui s’est passé dans notre village… 

Le matin du 3 septembre 1939, la radio avait annoncé la déclaration de guerre. Le curé Debré sonnait longuement le tocsin et monsieur BESSENAY, qui était pompier, sonnait le feu avec son clairon. Le garde champêtre, M. COIRON posait les affiches de mobilisation. la foule arrivait sur la place, les premiers jeunes partirent le soir-même… Mon père, de la classe en 20, partit 3 jours plus tard.

Quelques temps après, les restrictions commencèrent au village. Tout était distribué contre des tickets, les denrées alimentaires et même le pain. Les rations ne faisaient que diminuer. J’avais 7 ans et avec les autres gosses du village, nous étions mobilisés pour ramasser la ferraille, « pour faire des canons » nous disait-on. On déposait la ferraille au coin de l’école des garçons… puis elle était emmenée je ne sais où. Même les chevaux avaient été réquisitionnés pour tirer les pièces d’artillerie. Jusqu’en mai 1940, c’était ce qu’on appelait "la drôle de guerre".

Puis tout a changé. On entendait aux informations que les troupes allemandes avançaient vite, très vite… Je me souviens qu’un matin, des avions français sont passés au-dessus du Perréon. Les gens disaient « C’est la base de Dijon qu’on évacue ». Quelques heures après, c’étaient les bombardiers allemands qui survolaient le village. Les jours suivants, l’armée allemande déferlait, un campement était à Saint-Etienne-la-Varenne et les soldats venaient faire la java au Perréon. Ils ont notamment vidé les bouteilles de champagne de l’Economique. Ma mère, qui tenait avec mon père l’épicerie sur la place de la mairie, a été menacée de perquisition pour leur avoir refusé certains articles qu’elle avait cachés avec l’aide de mon grand-père.

Le couvre feu était déclaré, l’horloge du clocher avait été mis à l’heure allemande. Tous les soirs, je regardais à travers les volets clos ces 2 side-cars tourner sur la place, je me souviens de ces casquettes avec une tête de mort… Je crois que c’étaient des SS.

A l’évocation de cette « drôle de guerre », d’autres images me reviennent à l’esprit, comme ce jour où une compagnie de l’armée d’armistice a traversé le bourg en trainant un petit canon. Il y a eu aussi une réunion de chantier de jeunesse qui s’est terminée par un grand feu sur la place.

Après l’armistice du 17 juin 1940, les allemands quittèrent la région, nous étions en zone libre. Libres, 28 Perréonnais ne l’étaient pas, restés prisonniers en Allemagne. Et 4 autres jeunes du Perréon avaient trouvé la mort pendant les combats. Une organisation s’est mise en place avec le concours du secours national et 2 conseillers, MM. PERREON et LAVEUR, aidés par leurs enfants, expédiaient chaque mois des colis de denrées alimentaires.

Un jour avant la défaite complète, un car archi plein de réfugiés venant du Nord arrivait au village. Ils se sont installés tant bien que mal avec l’aide de la population. Un couple est d’ailleurs resté après la guerre, M et Mme MERGER, le mari ayant occupé le poste de garde champêtre pendant plusieurs années.

Au début de la zone libre, les anciens combattants de 14-18 avaient amené un grand mât sur la place et chaque dimanche ils montaient les couleurs. Un rituel qui dura quelque temps seulement.

Je me souviens qu’en 1941, le Maréchal PETAIN et l’amiral DARLAN sont venus au Perréon au cours d’une visite en Beaujolais. Toute la population était rassemblée. Précisons qu’à ce moment là, beaucoup de personnes considéraient que le Maréchal avait « sauvé les meubles » comme on dit.

Une autre grande visite me revient en mémoire, avec une belle anecdote à la clé. Ce jour là, le Cardinal GERLIER, une éminence qui en imposait avec soutane rouge, était reçu officiellement au Perréon. Lorsque sa voiture arriva, Jean BUSSIERE, le maire du village, se précipita alors à la portière pour l’accueillir et l’emmener sans attendre, au monument aux morts, pour une minute de silence... Pendant que le curé DEBRE enrageait de ne pas avoir pu le conduire en premier à l’église. Il faut dire qu’à ce moment- là, le curé et le maire n’étaient pas de grands amis.

1942 fut une très bonne année pour le vin. La vendange était précoce, mais de grande qualité et le vin s’est bien vendu. Malheureusement, une grande sécheresse a sévi et les restrictions sont devenues très dures. Il n’y avait guère de légumes dans les jardins… Le maire du village, qui connaissait bien son confrère de Monsols, avait envoyé le camion gazogène de Mme CHAMONARD, chercher des pommes de terre. Elles ont ensuite été réparties entre 3 épiciers qui les distribuaient aux habitants contre des bons émis par la commune.

Dans mes souvenirs, il y a aussi cette grande vague de bombardiers américains qui a survolé le Perréon. Des « Forteresses Volantes », accompagnées de chasseurs, ont traversé notre espace aérien en direction de Lyon pour aller bombarder la Gare de Perrache. Malheureusement, c’est l’Avenue Berthelot qui a dégusté et l’attaque fit beaucoup de victimes.

Fin 1942, les troupes allemandes occupent toute la France, mais notre village reste en dehors des évènements. Les troupes américaines, quant à elles, débarquent pendant ce temps là en Algérie… La reconquête se prépare.

En 1943, une sortie pédestre du patronage à la Croix Montmain fut interrompue par la sortie du bois d’hommes armés. Mais à la vue des enfants qui participaient à la randonnée, les hommes repartirent aussitôt dans les bois. Ces hommes, c’étaient les premiers maquisards, des jeunes qui fuyaient le STO, le Service de Travail Obligatoire en Allemagne. Il y en a eu des combats dans la Vallée d’Azergues, mais nous avons toujours été protégés au Perréon.

A l’été 1944, le maquis occupait toutes nos collines, les résistants étaient là, avec notamment des marins et leurs officiers. A la Sablière, il y avait les aviateurs de Bron également accompagnés de leurs officiers. Mais le maquis, ce n’était pas que des vrais résistants… C’était aussi des crapules qui ne pensaient qu’à piller. Les parachutages avaient lieu sur la montagne pour ravitailler le maquis en armes et en argent. Mais ils ne sont pas toujours tombés dans les mains des maquisards… Après la libération, certains habitants avaient d’ailleurs soudainement pu changer de train de vie.

Si le Perréon n’a pas trop souffert de la guerre, c’est sans aucun doute grâce à M. Jean BUSSIERE, qui a su éviter bien des choses. Entre autres anecdotes, il avait fait caché dans la mairie la moto d’un prisonnier, M. Marius MELINAND. À cette époque, certains faux maquisards, peu scrupuleux profitaient des événements pour réquisitionner les voitures et les motos. Un bel après-midi, une Traction s’arrêta devant la maison du Maire. Les maquisards le réveillèrent de sa sieste pour l’emmener de force à la mairie. Je le vois encore devant la porte, refusant d’ouvrir, alors qu’un des types lui pointait un révolver sur la temps. J’entends encore ses paroles résonner : « J’ai fait la guerre de 14, je n’ai pas peur de toi, la moto restera à la mairie ! ». Devant la résistance du Maire, les faux maquisards partirent. Ces bandits furent fusillés à la libération, suite à une affaire de meurtres chez des cultivateurs.

Un affreux drame eut lieu le 18 août de cette même année 1944. Un marin maniait son révolver au Café du Commerce, oubliant que l’arme était chargée… Le coup partit tout seul, mon copain Georges CORTIER qui était dans le bar à côté de son père, fut atteint à la carotide. Il est mort dans la demi-heure qui a suivi, il avait 12 ans. Il reçut des funérailles militaires, un groupe de marins en uniforme entourait le corbillard, fusil baissé. Une mitrailleuse avait été postée à l’entrée du village, en cas de mauvaise visite pendant les funérailles, mais en août, les Allemands étaient déjà en débandade.

Je crois que c’est autour du 20 août que 3 Stuka, ces bombardiers allemands, pilonnèrent le hameau de la Dousette, tuant des gosses réfugiés de Lyon et plusieurs habitants du coin. Naturellement, on entendait exploser les bombes et quand l'un des avions survola le village, les gens se sauvaient dans les chemins. Le PC du maquis était installé à la Grandouse et n’a pas été touché.

Un hôpital avait été installé dans l’école des garçons, avec 3 internes en médecine

 venant de l’Hôpital Edouard Herriot à Lyon. L’ancienne classe de M. DROIN devint la salle des opérations, certaines personnes du Perréon s’improvisaient infirmiers. Mme PASSOT, ancienne sage femme, était chargée des contrôles indispensables, les outils étaient stérilisés dans le four du boulanger. M. RAMONET fut nommé « anesthésiste », il disposait d’un paquet d' ouate, d’un flacon de chloroforme et d’un entonnoir. Il faillit d’ailleurs une fois asphyxier un blessé tant il s’appliquait à maintenir l’entonnoir sur son visage. Le dernier opéré fut un russe, déserteur de l’armée allemande, qui était sérieusement atteint, avec une balle dans le thorax.

Le maquis ne manquait pas d’inconscients… Je me souviens de ce jour, où j’étais sur la place de l’église avec 3 copains, nous avions tous entre 10 et 12 ans. Une Traction se gare, des maquisards en sortent et nous demandent de garder leurs armes pendant qu’ils allaient boire un coup. Et nous voilà donc sur les marches de l’église, armés de mitraillettes, de fusils mitrailleurs et d’un drapeau. Puis, au bout d’un moment, on s’est mis à avoir peur que les allemands passent et nous voient ainsi armés. On se disait alors « Si les boches arrivent, on traverse l’église, on sort par la petite porte et on saute dans le pré ! ». Naturellement, ce ne fut pas nécessaire, les maquisards revinrent et repartirent avec leurs armes.

Notre doyen, Henri MORION, a eu la peur de sa vie en 1944, à la fin de la guerre. Il était parti faire les chantiers de jeunesse de la classe 42, mais voyant que certains de ses camarades étaient envoyés en Allemagne, il a demandé une permission pour revenir au Perréon. Une fois de retour au village, il n’est pas reparti. Considéré comme déserteur, il était alors recherché par les gendarmes. En 1944, il fut sollicité pour garder les voies du train à St Georges, avec Pierre PERROT, Charles BARRAULT et Jean VERMOREL. Il faisait nuit noire quand soudain 4 maquisards arrivèrent pour faire sauter la voie. Après avoir saboté les rails, ils repartirent en prenant soin d’attacher nos 4 Perréonnais pieds et bras et de les laisser dans un coin. Une attente angoissante commence alors, jusqu’à l’arrivée du train, rempli d’Allemands, qui déraille et provoque d’immenses gerbes de feu. Les 4 pauvres hommes sont alors découverts et emmenés illico à la Kommandantur à Lyon, où ils sont interrogés à tour de rôle avant d’être finalement relâchés. Ils sont ensuite rentrés en stop jusqu’à St Georges où ils ont retrouvé leur bicyclette pour revenir au Perréon. Heureusement pour M. MORION, personne à la Kommandantur ne s’est aperçu qu’il était recherché pour désertion… Une fin heureuse pour cette drôle d’aventure.

La fin de la guerre approchait, à partir du 15 août, les maquis s’agrandissaient. Une anecdote amusante me revient en mémoire : un gars qui avait pris le maquis dans les derniers jours est redescendu au bourg avec des galons de capitaine sur ses épaules. Mais à Lyon, ces officiers d’opérette se sont vite fait repérer et il est revenu au Perréon sans ses galons.

Je me rappelle également de ces 2 femmes, une mère et sa fille, qui étaient en vacances en août à la Creuse. Un jour, le maquis de Sainte- Marie a pris en embuscade une Traction de la Gestapo sur la route de Beaujeu. Dans cette voiture, ils ont trouvé une sacoche qui indiquait le nombre de Perréonnais à arrêter : 12 me semble-t-il, dont le Maire et le curé. Cette sacoche, c’était un cadeau de ces prétendues vacancières. Le maquis de la Croix Rosier les a retrouvées et les ont fusillées. J’ai su plus tard que la fille était la maîtresse d’un gestapiste de Lyon.

Et en parlant de femmes, toujours, j’ai aussi ce souvenir d’un 14 juillet, où une compagnie du maquis en uniforme gris, commandée par une femme, était venue faire une prise d’arme au monument. Une mitrailleuse était alors postée en protection à l’entrée du village. Les derniers jours d’août 44, on entendait la bataille entre Anse et Villefranche. La 1ère armée est passée aux Oullières, mais Le Perréon n’a pas vu les Alliés. En 1945, chaque fois qu’un prisonnier rentrait au pays, les cloches sonnaient à toute volée pour avertir la population de son arrivée.

BEAUBERY (11)

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Commentaires
J
Bonjour <br /> <br /> Je relis avec émotion les longs récits de l’occupation allemande dans le Beaujolais et je vous remercie de nous faire partager ces moments si importants de l’histoire dans notre région Beaujolaise. Pourriez vous les contacter par mail afin que je vous fasse part d’une demande particulière sur l’histoire de ma famille au cœur de villefranche pendant l’occupation ? Merci à vous
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T
Article très intéressant, merci de nous faire revivre cette période sombre d'un beaujolais qui hélas aujourd'hui est en voie de disparition.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci de votre travail.
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